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Fermiers du lac

Les fermiers du lac de Grand-Lieu


Le fermier général du lac de Grand lieu était la personne qui avait pris un bail de ferme pour le droit de pêcher dans le lac auprès du propriétaire moyennant le paiement d'un loyer et certaines obligations envers le bailleur.
La ferme pouvait être prise par plusieurs personnes.

Les registres de Baptême Mariage et Sépulture de La Chevrolière nous donnent le nom certains fermiers du lac de Grand Lieu :

- Julien GUILLOU ( ~ 1669 - 18/04/1719)

"julien guillou agé de 50 ans fermier du lac de grand lieu avec julien gohuau décéda le 18eme jour d'avril 1719. Son corps fut inhumé le lendemain en notre église en présence dudit julien gohuau et de paul guillou son frere ...".


- Julien GOHEAU (GOHUAU)(19/03/1687 - 19/09/1739)

" ... a été inhumé julien goheau agé d'environ 50 ans mort d'hier à passay fermier du lac de grand lieu ...".
Au mariage de sa fille Marie avec Jean Hervé le 12 janvier 1734 :
"... en présence de maitre julien gohuau son père fermier genéral de la peche de grand lieu ...".


- Paul BILLOT (~ 1690 - 18/03/1762)

Au mariage de sa fille Marie Billot avec Charles Prou le 25 janvier 1774 :
"... marie billot des marosses née le 27 juin 1755 fille de pol billot fermier du lac décédé au bourg de passay le 18 mars 1762 et de françoise deniaud propriétaire des marosses et y demeurant ...".


- François GOHEAU (18/10/1726 - 25/09/1760)

Au baptême de son fils François le 20 août 1755 :
"... fils légitime de françois goheau et jeanne thibaud sa femme fermiers du lac de grand lieu du village de passay ...".


- André JOSNIN (24/01/1717 - 22/12/1787)

" ... inhumé le corps d'andré josnin fermier du lac ..."
Au mariage de sa fille Julienne le 28 janvier 1777 avec Joseph Graton :
" ... fille légitime de andré Josnin fermier du lac et de julienne Brisson ..."


- Julien GUIBRETAU (22/03/1728 - 23/10/1782)

" ...le corps de Jullien Guibreteau ... fermier au chateau de la freudière (?), du lac , décédé hier au bourg de passay ...".
André Josnin et julien Guibreteau sont frères utérins.


- Jean THEBAUD (14/04/1761 Pt St Martin - 14 prairial an XIII)

Au baptême de son fils Noël le 23 décembre 1786 :
"... Noel deuxieme du mariage de Jean Thebaud fermier du lac ... et de jeanne Guibreteau ...".
Jeanne fille du précédent Julien.




Fermage du droit de pêche sur le lac de Grand-Lieu

On retrouve aux archives départementales de Loire-Atlantique certains actes notariés, datant du début des années 1800, relatifs au fermage du lac de Grand-lieu.

Fermage du droit de pêche sur le lac de Grand-Lieu en 1805

Ainsi, nous avons le 17 septembre 1805 (30 fructidor an 13), l'affermage du droit de pêche sur le lac de Grand lieu passé par M. Chaignon représentant M. Juigné à 2 notables de Bouaye MM. Guerin et Vieillecheze (2).
Cf. minute n° 158 du 30 frutidor an 13 : Ferme de 3 ans par le sieur Hilaire Chaignou aux sieurs Jean B. Guerin et Jean-Marie Vieillecheze (ADLA 4 E44/23).

Les principales clauses sont les suivantes :

- bail de 3 ans à partir du 1er vendémiaire (23 septembre 1805) du droit de pêcher sur toute l'étendue du lac,

- possibilité pour M. de Juigné de résilier le bail à tout moment avec un dédommagement fixé à 1/3 du loyer d'une année,

- pêche avec à une seule grande senne "composée de 6 garuils à la grandeur ordinaire" et tous les autres filets non-prohibés,

- exclusivité du droit de pêche "si des riverains prétendaient avoir des droits" interdiction pêcher avec eux ou pour eux,

- transport gratuit à travers le lac de M. Juigné ou ses gens d'affaires dans la limite de 6 jours par an,

- sous-affermage possible sous réserve du consentement de M. de Juigné,

- droit de pêcher seulement : pas d'utilisation "des délaissés et alluvions qui tiennent au fond". Si utilisation constatée avertir M. de Juigné,

- fourniture à M. de Juigné de poissons au prix fixé (30 centimes l'hectogramme) : 25 carpes, 30 brochets, 20 perches, 25 brèmes, 20 anguilles,

- montant de la location par an : 3700 Francs en "numéraire métallique" (soit 3746 livres 5 sols) à payer en 2 fois, le 1er paiement étant le 1er germinal (22 mars 1806).



Monsieur le Marquis de Juigné, Jacques Gabriel Louis Leclerc, 79 ans, demeurant rue Cherche-Midi à Paris, a donné la procuration à son régisseur pour la signature de cet acte.
Le marquis a hérité, via sa grand-mère Louise-Henriette de Crux de Courboye, la châtellenie Vieillevigne avec ses droits sur la lac de Grand-lieu (et celle de Boisrouaud, où demeure M. Hilaire Chaignon (3)).
Le Marquis profite de l'écriture de ce bail pour réaffirmer ses prétentions sur le lac :

"si quelques voisins ou riverains du lac prétendraient y avoir des droits de pécher, les preneurs ne pourront sous aucun prétexte que ce soit prendre aucuns baux d'eux ni même pêcher avec ceux-ci ..."
"les preneurs (ne pourront) prétendre la jouissance d'aucuns délaissés ni alluvions du lac qui tiennent au fond de celui(-ci) appartenant en toute propriété à sieur de Juigné".

En fait, les pêcheurs de Passay signeront des fermages avec les autres propriétaires riverains, comme on le lira par la suite.

Les "délaissés et alluvions" doivent faire référence aux végétaux produits par le lac (la bourre, les rouches utilisées pour nourrir les bêtes, les joncs utilisés en vannerie, ...) et le sable qui était exploité pour les constructions.
Le fond des rives nord-ouest est sableux (était sableuse, aujourd'hui le fond est recouvert d'une couche de vase).
La route dite "des sables" à Passay longe la rive occidentale.
A propos de la reconstruction d'un pont en bois situé sur le grand chemin près de la Buchetière la municipalité de La Chevrolière note dans ses délibérations du 20 juin 1814 : "12 barriques de bon sable on pourra le prendre au lac de Grand-lieu" .
A St Philbert, on retrouve dans les registres d'état civil la mention de "pêcheur de sable".
Le plan figuratif et géométrique des bords du lac de Grand-Lieu de 1786 (ADLA 1 Fi Grand-Lieu 2) donne la nature du sol des rives du lac :
Plan lac de Grand-lieu- ADLA 1Fi Grand-lieu 2
Sur cet extrait des rives de Saint Aignan, des dunes de sable sont figurées sur la Jonchère :
extrait Plan lac de Grand-lieu- ADLA 1Fi Grand-lieu 2

Le montant annuel de la location exprimé en livre tournois permet de faire la comparaison avec le montant, de 2900 livres pour l'année 1789, rapporté par Léon Le Maitre(4).
Cela donne une augmentation de 30 % en 25 ans.
Malheureusement les "indices de coût de la vie" de cette période (m')étant inconnus, aucune déduction peut être faite.



Sous-ferme de la pêche dans le lac de Grand-lieu

Un mois plus tard, le 19 vendémiaire an 14 (11 octobre 1805), MM. Guerin et Vieillecheze louent le droit de pêche à 5 sous-fermiers chevrolins (5):
Cf. minute n°12 du 19 vendémiaire an 14 : Sous-ferme de la pêche dans le lac de Grand-lieu (ADLA 4 E69/14).

- Charles Prou, cultivateur demeurant au Planty,
- Pierre Beranger, maréchal taillandier demeurant au bourg,
- Jean Albert, marchand demeurant à Passay,
- René Le Merle, pêcheur demeurant à Passay,
- Pierre Le Merle et ses enfants François et Pierre, pêcheurs demeurant à Passay.


Les clauses reprennent celles passées avec le représentant de M. de Juigné avec les ajouts suivants :

- Fournir "chaque semaine et rendu chez eux gratuitement aux dits sieurs Vieillecheze et Guérin du poisson de différentes espèces et de moyenne grandeur pour faire a chacun une boüilleture honnête".

- Fournir "chaque semaine à chacun des sieurs Bertin Laubiniere, David et Pierre Beranger l'un des preneurs pareillement une boüilleture de poissons qu'ils seront tenus de rendre ... pour les sieurs Bertin et David à l'étier de Bouaye, et pour Beranger à la rive de Passay".

- "Lorsque les preneurs ou leurs pêcheurs seront à pêcher sur la rive de Bouaye, les ... sieurs Vieillechez et Guerin auront la liberté d'aller à eux et d'y prendre du poison moyen pour faire à chacun d'eux une boüilleture".

- "Les preneurs seront obligés ainsi que leurs pêcheurs de donner chacun an et par chaque seine un coup de filet au profit des bailleurs à leur réquisitions et aux endroits où il leur plaira designer".

- La faculté pour les bailleurs, à eux seulement, d'avoir une senne "de vingt quartiers" pour pêcher dans le lac.

- La faculté pour les bailleurs de permettre à des propriétaires riverains du lac de pêcher soit à la "seine nez de poux ou autres filets pourvu que ceux-ci n'en fassent pas un métier ou trafic et que ce soit seulement pour amusements et recréations". "les bailleurs seront tenus de désigner par écrit aux preneurs ceux à qui ils auront accordé de pareils droits".

- Les bailleurs se réservent "les pêcheries à raméees du dit lac à partir de Marne jusqu'à la rive de Bouaye comprise pour en disposer à leur profits"(6).

- "Les preneurs ne pourront affermer les autres pêcheries depuis Marne jusqu'à Passay en tournant par Saint Lumine et Saint Philbert qu'aux gens de Passay ou aux éclusiers". "les ramées qui se trouvent dans le lac au delà des joncs seront ôtées à la diligence de bailleurs et des preneurs".

- Montant de la sous-location par an : 4977,18 Francs en "numéraire métallique" (soit 5040 livres tournois) à payer en 4 fois, le 1er payement étant le 1er nivose (22 décembre 1805).
"les parties ont évalué le poisson que les preneurs doivent fournir gratuitement aux bailleurs en sus du prix de leur ferme forme un objet annuel de quarante francs".


Les sieurs Bertin Laubnière et David de Bouaye semblent être les deux homologues de Jean-Marie Vieillecheze :
Jean Joseph Bretin Laubiniere notaire public à Bouaye après 1795 et Pierre DAVID, lui est notaire avant 1793.

En un mois, le montant du fermage augmente de 30 %.



Ferme du droit de pêche par M. des Jamonières à René Le Merle

6 jours plus tard, le 25 vendémiaire (17 octobre 1805) M. Louis Juchault (7) propriétaire loue le droit de pêche sur les marais et pêcheries de la Moricière et des Jamonières de la commmune de Saint Philbert au même René Le Merle marchand pêcheur demeurant à Passay.
Cf. minute n° 27 du 25 brumaire an 14 : Ferme du droit de pêche par Mr des Jamonieres à René Le Merle (ADLA 4 E69/14).

Les clauses sont les suivantes :

- Bail de 3 ans à partir du 2 février 1806.

- Droit de pêche pour René Le Merle seul "ou l'un de ses enfants" ou avec que ses bateaux "sans y estre" .

- Réserve pour le bailleur le droit de couper ou faire couper les rouches et les roseaux, et la liberté pour ses métayers et fermiers de tendre des louves à la manière accoutumée.

- Passage en bateaux au travers du lac pour "le sieur bailleur, sa famille et les gens de sa maison soit pour aller et revenir à Saint Aignan ou ailleurs ... le bailleur lui payera trois francs à chaque fois".

- Fourniture de "vingt neuf myriagrammes ... de poissons dont les deux tiers pour sa table ... qui lui sera payé ... trente centimes le demi kilogramme".

- Montant de la location : 300 francs en "numéraire métallique" à payer en une fois, le 1er payement étant le 2 fevrier 1807.

Les marais de la Morcière et des Jamonières sont situés sur la rive gauche de la Boulogne à partir du bourg de Saint Philbert (la Riquelandière) jusqu'à la douve de séparation avec Saint Lumine de Coutais (voir le plan en fin d'article).



Règlement du droit de pêche sur le lac de Grand-Lieu

Règlement du droit de pêche sur le lac de Grand-Lieu de février 1806

Réunis à Passay le 25 fevrier 1806, les 5 sous-fermiers et les pêcheurs définissent devant notaire un règlement de pêche sur le lac "pour prévenir et éviter les contestations et difficultés qui pourraient naître tant entre les sous-fermiers du lac et les pêcheurs".
Cf. minute n° 138 du - 25 février 1806 : Règlement pour la pêche du lac entre les fermiers et les pêcheurs(ADLA 4 E69/14).

Sont présents :

Les 5 fermiers liés avec MM. Guerin et Vieillecheze :

- Charles Prou cultivateur demeurant au Planty,
- Pierre Berranger Maréchal demeurant au Bourg,
- Jean Albert fils marchand,
- René Le Merle fils,
- Pierre Le Merle père, Pierre et François ses enfants.

Les pêcheurs (8), garantissant tant que pour eux que pour leurs consorts avec qui ils pêchent :

- Jacques Grillard "pêchant avec une grande seine",
- René Le Merle père "pêchant à une autre grande seine",
- Noel Thebaud,
- Victor Brisson,
- Pierre Albert,
- Jacques Albert,
- Jacques Brisson.

Les conventions sont :

- Les pêcheurs se conformeront dans l'exercice de la pêche aux lois des eaux bois et forêts relatives à la maille des filets dont ils se serviront sous les peines de droit.

- Ils ne pourront mettre de filets, funes, funins, cordages ni aucune fourniture de barges sans les avoir préalablement montrer aux fermiers sous peine d'en perdre la valeur.

- la première barge qui arrivera sur une pointe du lac l'aura de préférence et tirera sa baillée droite. Si c'est une petite barge qui arrive la première elle sera obligée de mettre à l'eau dès la brune si le temps le permet et les pointes des baillées ne dureront que vingt quatre heures.

- Il ne sera pris dans les barges aucuns avirons perches, bancs, liens ou autres choses dépendantes des dites barges par aucune personne étrangère à la barge sans la permission de ceux qui s'en servent à peine de torts, dépens dommages et intérêts et même d'une amende.

- Les dits pêcheurs seront obligés d'aller avertir et rendre compte à un des sous-fermiers aussitôt qu'ils auront vendu une marée ou baillée de poissons, du prix de cette vente et du nom de la personne à qui ils l'auront vendue.

- Celui des pêcheurs qui sera convaincu d'avoir trompé les sous-fermiers sera déchu de la pêche et le produit de ce qu'il aura pris de poisson dans la semaine sera perdu pour lui et tournera au profit des sous-fermiers.

- Les boüilletures de poisson qui sont dues chaque semaine à messieurs Veillecheze, Guérin, David, Bertin Laubiniere et Pierre Beranger fermiers principaux du dit lac seront fournies par ceux qui mènent les deux grandes seines et sans indemnités ni récompenses ainsi que les sous fermiers y sont tenus par leur ferme que les percheurs connaissent.

- Le poisson de toutes espèces que monsieur de Juigné propriétaire du lac pourra exiger sera fourni par tous les pêcheurs proportionnellement et ils ne pourront le faire payer plus de trente centimes l'hectogramme et ils seront tenus de conduire le dit sieur de Juigné ou les gens de sa part sur telles rives du lac qu'ils jugeront convenables a chaque réquisition qu'ils en feront et sans salaire.

- Les pêcheurs donneront par chaque barge, chaque semaine à Charles Prou et Piere Beranger et à chacun d'eux un brin de poisson honnête et convenable avec du menu pour faire une boüilleture.

Le présent règlement sera exécuté en sa forme et teneur entre les comparants provisoirement jusqu'à la saint Jean Baptiste prochaine, époque à laquelle ils pourront y déroger par un nouveau. Mais jusque là toutes les clauses ci-devant seront de rigueur.


Le montant dû aux sous-fermiers n'est pas précisé.



Règlement du droit de pêche sur le lac de Grand-Lieu de janvier 1809

Le fermage à MM. Guerin et Vieillecheze ainsi que leur bail de sous-fromage semblent avoir été reconduit.
En effet, le 30 janvier 1809, nous retrouvons les sous-fermiers et les pêcheurs redéfinissant le règlement de pêche sur le lac.
Cf. minute n° 38 du 30 janvier 1809 : Règlement pour la pêche du lac de Grand-lieu (ADLA 4 E69/18).

Les sous-fermiers, ils ne sont plus que quatre :

- Charles Prou cultivateur demeurant au Planty,
- Pierre Berranger Maréchal demeurant au Bourg,
- Jean Albert fils marchand demeurant à Passay,
- René Le Merle fils pêcheur demeurant à Passay.

Les pêcheurs (9)demeurant à Passay "garantissant pour eux et leurs consorts" :

- Jean Texier aîné,
- Victor Brisson,
- Jacques Grillard,
- Jean Guillou,
- Julien Le Merle,
- Victor Albert,
- Pierre Brisson.


Le nouveau règlement reprend les dispositions de 1806 et les complète :

- Institution d'un numéro à chaque barge (neuf barges en tout) faisant office de rang.

- Montant dù aux sous-fermiers : un tiers du produit de la pêche "parce que ceux-ci contribueront aux filets, funins et autres fournitures de pêche ainsi qu'il est d'usage".
Montant payé par les pêcheurs dans l'ordre de leur rang "tous les dimanches ou lundi de chaque semaine ... une moitié en monnaye de Billon l'autre moitié ... en louis argent",

- Contrôle de la pêche :
"Ils (les pêcheurs) ne vendront leurs anguilles et marguns qu'à un seul marchand autant que faire se pourra. Mais toujours ils ne pourront les livrer, à moins qu'un des sous-fermiers soit présent à la livraison".

- Fermiers principaux : seuls Veillecheze et Guérin sont cités.

- Fourniture "chaque semaine du poisson pour faire à chacun d'eux une boüilleture honnête ... chaque barge les fournira à son tour et rang dans l'ordre des numéros".

Il est rajouté :
"les pêcheurs donneront comme cy devant par chaque barge et chaque semaine à charles prou et pierre beranger deux des sous fermiers et à chacun d'eux un brin de poisson honnête et convenable avec du menu pour faire une boüilleture".


Droit de pêche sur le boire Mallet

Accord entre entre Messieurs de Juigné et Monsieur Rousseau de Saint Aignan 1817

Jacques Gabriel Louis Leclerc Marquis de Juigné est décédé à Paris en août 1807.
Ses fils reprennent son idée du dessèchement du lac de Grand-lieu. Une convention sur ce sujet est convenue entre les de Juigné et le Comte de Marigny.
Le projet prévoit un canal ceinturant le lac pour évacuer les eaux de la Boulogne et de l'Ognon vers l'Acheneau.
Le canal projeté pour la rive nord passerait dans les terres de Monsieur Rousseau de Saint Aignan.
Par ailleurs, Monsieur Rousseau (10) conteste aux de Juigné le droit de pêche sur le boire Mallet.
Un accord est signé en octobre 1817 entre les de Juigné et Monsieur Rousseau de Saint Aignan.
Il est déposé à l'étude de Maitre Varsavaux notaire à Nantes.
Minute n° 337 du 20 novembre 1817 : Transaction entre Mrs de Juigné et Mr Rousseau de St Aignan (ADLA 4 E12/896).

Il prévoit :
- les de Juigné cèdent au titre d'arrentement (cession en échange d'une rente perpétuelle) des droits sur le boire Mallet et du terrain de la pointe de la Jonchère.
Sous réserve expresse que Messieurs de Juigné puissent effectuer "quand et ainsi qu'ils aviseront le dessèchement du lac de Grand-lieu".
- Les pécheurs du lac auront droit d'essever (faire sécher leur filets) sur la rive de la Jonchère.
- Monsieur Rousseau de Saint Aignan entre en jouissance du jour de l'expiration de la ferme actuelle du lac.
- la rente foncière est de cent dix francs franchissable au denier vingt (c’est-à-dire rente dont on peut se libérer et qui produit le vingtième du fonds pour lequel elle a été constituée).

Bail de M. de Saint Aignan à Brisson et aux Doré 1821

A l'échéance du bail du droit de pêche sur le lac de Grand-lieu en fin d'année 1821, Monsieur Rousseau de Saint Aignan passe un bail de 3 ans avec 3 pêcheurs de Passay.
Cf. minute n° 227 du 27 octobre 1821 : Bail Mr de Saint Aignan à Brisson et aux Doré (ADLA 4 E24/7).

Les pêcheurs sont Victor Brisson, Jean Doré père et Jean Doré fils (11).
Victor Brisson et Jean Doré père sont associés depuis décembre 1797. Ils ont enregistré leur société à l'office de Maître Bousseau, notaire à Saint Philbert. Cf. minute du 1er janvier 1810: Société entre Victor Brisson et Jean Doré (ADLA 4 E24/7).
Ensemble, le 26 avril 1799, ils ont acheté aux héritiers de Jacques Martin pour 210 francs une barge de pêcheur qu'ils louaient.
Le même jour, Jacques Grillard leur en achetait une pour 236 francs.
(cf. Etude Bousseau notaire à Saint Philbert, minutes n° 52 et n° 51 du 16 floréal an 7).

Le montant du bail dû à Monsieur Rousseau pour la première année est de deux cent vingt francs et de deux cent quarante francs pour les deux dernières années.
Monsieur Rousseau paiera aux preneurs un franc cinquante centime par journée des pêcheurs qu'il aura requis pour le transporter lui et gens de sa maison sur les rives des Jamonières et celles de la Chevrolière.
Il y a pas clause sur la fourniture de poisson, sur un droit de senne.

Sur la base du plan de 1786, les droits de pêche des actes notariés cités sont rapportés :
Droit de pêche -  Plan lac de Grand-lieu- ADLA 1Fi Grand-lieu 2




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Les sieurs de Beausoleil

Gabriel Dorré sieur Beausoleil

Dans les registres de La Chevrolière le premier sieur de Beausoleil, cité une seule fois, est Gabriel Dorré ; le parrain d'Elisabeth Voisin née le 18 novembre 1668.

bapteme elisabeth voisin 18 novembre 1668

"Eslizabeth fille de Mr pierre Voysin S(ieu)r du Mortier et de honorable femme Marie bitton sa femme demeurant dans ce bourg de la Chevrollière a esté baptisée par moy Vicaire soussigné ce dix huitiesme Novembre mil six cent soixante et huit née du jour ce devant Et a esté parrain noble homme gabriel dorré sieur beausoleil advoca en la cour demeurant dans la ville de bourgneuf paroisse de st sire en ray et marraine honneste fille Marie loüera fille de deffunt Mr honoré louera …".

 

René Kerviler dans son répertoire breton (12) indique que Gabriel Doré sieur de Beausoleil est :
" né à Saint-Cyr-en-Retz, sénéchal de Bourgneuf et de Pornic, fut inhumé aux cordeliers de Vannes en 1687."

Si l'année du décès est exacte, il a dû être courant janvier puisqu'à l'inhumation de sa fille Renée le 30 janvier 1687 à Saint Vincent de Nantes, il est noté décédé :
"... Renée fille de deffunt Noble homme gabriel dorré sr de beausoleil seneschal de bourgneuf et de janne hubin ..."


Gabriel Dorré et Jeanne Hubin se sont mariés à Saint Viaud, le 29 février 1672.

mariage gabriel doore jeanne hubin - st viaud - 29 fevrier 1672

"... noble homme gabriel doré sieur du boissoleil senechal du duche de Rais à bourgneuf ....".



Il semble que la présence de Gabriel Doré à La Chevrolière soit anecdotique et qu'il n'y ait aucun lien avec le hameau de Beausoleil.

Il est vrai que ce nom est commun dans le pays Nantais. On le trouve dans plusieurs communes : Carquefou, Orvault, Sautron, Montbert, Saffré, Blain, St Sulpice Les Landes, Puceul, Cordemais, ... et à Nantes la rue Beausoleil.



Claude Amyaud sieur Beausoleil

Par contre, l'attachement à La Chevrolière de Claude Amyaud sieur de Beausoleil est plus évident.

Lui aussi est parrain :

- de Claude Gillardeau, le 5 janvier 1669, fils de Vincent Gillardeau, laboureur, et Jeanne Gadais demeurant à la métairie de Beausoleil :

baptemme claude gillardeau 5 janvier 1669

"... noble homme Claude Amyaud lequel a signé demeurant à nantes ...".


Madeleine Amyaud, la marraine non-mariée, est peut-être la sœur de Claude.
Vincent Gillardeau et son frère Nicolas, marié à Marie Gadais, sont laboureurs à la métairie de Beausoleil.


- de Claude Gourmy, le 6 septembre 1678, fils de Julien Gourmy, aubergiste (hoste), et Margueritte Potier du bourg :

bapteme claude gourmy - 6 septembre 1678

"... Claude Amyaud sieur de beausoleil Avocat au parlement de Paris résidant présentement à la Chevrolière ... ".


Claude Amyaud se marie avec Marie Moriceau à Sainte Croix de Nantes, le 11 mai 1682 :

" ... Escuyer claude amiaud Sieur de beausoleil Conseiller du Roy et auditeur en la chambre des comptes fils de deffunts nobles gens nicolas amiaud sieur de beausoleil advocat à la cour et claude moricaud ses pere et mere d'une part et damoiselle marie moriceau fille de noble homme françois moriceau sieur de la halquiniere conseiller et échevin de la ville de nantes et de damoiselle catherine loquet ...".


Ils ont plusieurs enfants baptisés à Ste Croix :
- François, le 15 mars 1683,
- Catherine, le 29 février 1684,
- Claude , le 12 avril 1685.

Sa femme décède en juillet 1685 et est inhumée en la chapelle des Jacobins (le 27 juillet 1685 à la paroisse de Ste Croix de Nantes).
Il se remarie, toujours à Ste Croix le 6 septembre 1689, avec Françoise Marie Bernard, originaire de Vertou.
Il décède le 12 janvier 1694 et est inhumé le 14 dans l’église des Carmes (paroisse St Vincent à Nantes).
Son dernier fils François naîtra en juillet 1694 (baptême le 6 juillet à Ste Croix) :

bapteme francois amiaud - 8 juillet 1694

" ... françois né d'hier fils de deffunt claude amiaud Ecuyer sieur de beausoleil conseiller du Roy x? auditeur en la chambre des comptes de bretagne et dam françoise marie bernard sa veufve ...".


A La Chevrolière, on retrouve "Françoise Marie Bernard veuve de feu Claude Amiaud sieur de Beausoleil" marraine de Marie Perrine Fortineau (28/01/1697 - 12/05/1697).
Marie Perrine est la fille de Maître François Fortineau, notaire du duché de Retz, et de Marguerite de la Porte.
A leur mariage le 28 juillet 1701, André Prou et Jeanne Saupin sont indiqués "serviteurs domestiques de madame de Beausoleil à la Grivelière".


Quant à François, le fils de Claude Amyaud, il est aussi parrain de la fille du métayer de Beausoleil, Jeanne Cormerais, baptisée le 13 janvier 1702, fille de Michel Cormerais et Jeanne Picard.
Anne Bernard, la sœur de la mère de Claude, est la marraine.
La famille Amyaud semble être régulièrement présente à la Grivelière.


A propos de la Grivelière où demeure en 1701 la veuve de Claude Amyaud, son mari avait été le parrain de Claude Pitard, le fils de Joseph Pitard sieur de l'Angle et de Françoise Savin (baptême à Pont St Martin le 27 mars 1675).
En 1682, Claude Pitard demeure encore à la Grivelière (baptême de Claude Thibaud le 24 février 1682).
Le dernier fils de Claude Amyaud est désigné sieur de la Grivelière à son inhumation le 30 septembre 1726 dans l'église de Ste Croix :

" le dernier septembre 1726 le corps de feu Fleurimon François amiot sieur de la Grivelière est inhumé dans cette église ...".
Le prénom François est rajouté en interligne.


A noter, à propos du baptême de François le 6 juillet 1694, que la fiche Freslon (13) indique :
" on a mis puis complètement raturé qu'il avait été appelé florimond à sa confirmation à la cathédrale st pierre en mai 1706".
Ce raturage n'est pas présent dans le registre de Ste Croix mis en ligne sur le site des archives de Nantes et le site des archives départementales de Loire-Atlantique. Le registre mis en ligne est la copie, la grosse, du registre de la paroisse.
Ce prénom est fort plausible puisque Fleurimond est celui du père de sa mère (Fleurimond Bernard marié le 1er mai 1656 à Julienne Pertuis).


Un an auparavant à Vertou à l'inhumation de Jean Bernard (le 21 fevrier 1725 ), il est aussi désigné sieur de la Grivelière :

"...inhumé en l'église noble homme jean bernard sieur des roussières mort à sa maison de la placelière à 58 ans présents noble homme françois bernard sieur de thebaudière pretre, escuyer florimond amiot sieur de la grivelière noble garçon florimond bernard des thebaudières, demoiselle marie bernard de la placeliere ...".


Il est probable que, dans les personnes citées dans les rôles de la paroisse de La Chevrolière pour l'année 1718 :

role capitation LA CHEVROLIERE 1718 - la griveliere - ADLA B 3500

Le "monsieur de la Grivelière" soit Fleurimond Amyaud.
Il décèdera 10 ans plus tard à l'âge de 43 ans.


En 1742, le propriétaire de la Grivelière soumis à la capitation est dame bauguin.

role capitation LA CHEVROLIERE 1742 - la griveliere - ADLA B 3512



Un acte notarié de 1765(14), nous apprend que Jean Hoüery, négociant à Nantes demeurant rue du Chapeau Rouge paroisse de saint Nicolas, est le nouveau propriétaire de La Grivelière.

" ... à charge au dit sieur hoüery de jouir des droits affermés par le présent comme il en a jouit ou a dù en jouir en vertu du bail courant qui avait été fait par mondit sieur abbé de l'aubriere à la dame veuve Baugin aux droits de laquelle le dit sieur hoüery est, comme acquéreur de sa maison de la grivelliere ...".

Jean Hoüery né le 27 octobre 1701 à La Plaine, est décédé le 25 février 1778 à la Grivelière.
Sa sœur, Marie Hoüery a épousé Honoré Quirouard (originaire de la Plaine).

Leur fils François Kerouard (Kirouard ou Quirouard), capitaine, décèdera dans sa maison de la Landaiserie le 24 brumaire de l'an XIV à l'âge de 61 ans.
Dans son histoire de La Chevrolière, François Fraslin lui consacre un paragraphe.

En 1808 et 1810, ce sont les 2 frères Sotin, Jean Marie et Pierre Marie, qui décèderont à la Grivelière.



Le lien foncier entre les Amyaud et La Chevrolière apparaît au hasard des actes notariés.
Ainsi lorsque le nouveau seigneur de La Freudière Julien Pépin de Bellisle fait rédigé les différentes rentes qui lui sont dues, celui du "trés de l'église" du 15 mars 1760 indique :

" ... furent présents Jeanne Durand, Pierre l'Hommelet, (...) lesquels ont dit qu'ils possèdent une tenue apellée Trés de l'Eglise aux fortineaux contenant environ un journal située près le bourg de la chevrolière tenant d'un costé à terre de la grivelière au présentant le sr amiaud de Beausoleil, d'aud costé à vigne de Jacq proust ....".

Le "Trés de l'Eglise" sont les terrains situés actuellement au sud de l'église, derrière les maisons de la grand-rue.
Il est représenté en "jardin" sur cette carte issue du cadastre de La Chevrolière de 1843.

cadastre_la che_1843 - AD044-7P3167F001

Sur la carte, une mare annulaire est représentée au nord de la métairie de Villegais.
Son centre est nommé "la motte" et le terrain qui l'entoure "le pré de la motte".
"motte" : motte féodale ?
Aujourd'hui, le petit étang situé derrière l'école primaire de la rue du Docteur Grosse a remplacé ces parcelles.

Toujours dans le cadastre de 1843, le nom de Beausoleil est rattaché à des petites et grandes douves, terrains situés à côté de Louchette, c'est-à-dire actuellement dans les champs présents à droite, au début de la rue de la Grand Ville en venant du Moulin au Champ où sont installés les conteneurs de recyclage du papier et du verre.

les douves de Beausoleil- ADLA G1 7P316F041


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Villages oubliés (suite)

En complément à l'article sur les villages oubliés et plus précisément concernant "l'écobu" ("maison neuve près du grand chemin" ou "lécobu près de la guillauderie"), sa position est fournie par le cadastre de 1843(15) de La Chevrolière dans sa planche E3.

Les parcelles n° 557 à n° 563, n° 574 et n° 575 sont nommées : pièce, petite pièce, pré et jardin de la maison neuve.
Elles étaient situées le long du grand chemin à Nantes, côté Guillauderie, en face de l'entrée de l'ancienne avenue qui conduisait à travers les bois au porche de La Freudière.

"Lécobu" sur la carte de Cassini est donc correctement positionné, ce qui n'est pas le cas de la majorité des autres villages.

Maintenant, les parcelles sont occupées par les bâtiments de la zone industrielle (imprimerie) et la future 2 x 2 voies.

maison neuve- ADLA E3 7P316F035


Incendiée voire détruite pendant les guerres de Vendée comme d'autres habitations de La Chevrolière, la maison neuve, elle, n'aura pas été reconstruite la paix revenue.




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Pépin de Belleisle, seigneur de la Freudière

Droit de dîme


En mai 1757 Julien Pépin de Belleisle est nommé capitaine de vaisseau
Avant de partir en mer, le nouveau propriétaire de La Freudière veut sûrement mettre de l'ordre dans ces affaires(16).

Aussi, le 23 juin 1757, dans sa demeure de la Freudière, il signe un accord de bornage relatif au droit de dîme établi par Maître Archambaud Notaire entre lui et le recteur de la Chevrolière :

"... L'un et l'autre sont fondés de percevoir la dîme en entier ou en partie sur le canton de la noë de passay.
Les domaines dont il s'agit sont d'une étendue considérable. Ils sont contigus et la plupart sans séparations ni marque qui puisse assez parfaitement et au coup d œil faire distinguer chaque partie.
Cela nécessite qu'il soit planté des bornes en plusieurs endroits.
D'autre part les noms des anciens débordements ne leur sont point assez connus, qu'il y a d'autres endroits où on a fait des changements par des chemins qui ont existé et d'autres qu'on a changé.
Le seigneur de la noë de passay et de passay nouvellement propriétaire, et le sieur Douatiére aussi nouveau recteur ont trouvé par leurs gens chaque année de nouvelles difficultés dans la perception exacte de leurs droits de dixme faute d’être suffisamment instruit ...".

Ils conviennent de prendre 3 chevrolins pour :

" reconnaistre sur les lieux des nouveaux débornement rapellant les anciens ... de prendre des instructions à cet egard de martin Bachelier laboureur, martin Bru aussy laboureur et martin Lemerle marchand poissonier (17), tous les trois gens agés de cette ditte paroisse et y demeurant séparement reconnus pour estre en etat de donner des instructions nécessaires aux parties requérantes ..."

Ainsi va être définie la répartition de la dîme entre le récent seigneur de la Noë de Passay, le curé de la paroisse et le chapelain de la Noë (le titulaire de la chapellenie Saint Antoine)

Transcription complète de la minute du 23 juin 1757 : Procès verbal de plantation de borne entre Pépin de Belleisle et le recteur de La Chevrolière.


On peut s'interroger sur le choix de ces 3 référents.
Les deux premiers ne sont pas originaires de la Chevrolière. Comme métayers, ils sont dépendants du seigneur de la Freudière.
En octobre 1759, Pépin de Belleisle renouvellera la ferme de la métairie de la Noë à Martin Bru, marié à Françoise Frumeau (Fresneau) et à Julien Guillou, marié à Perrine Bachelier.
Les référents ne sont pas si âgés que ça. Mme Durand qui avait la charge de récolter la dîme, est âgée, elle, de 65 ans.
Une personne comme le notaire du duché de Retz, François Josnin, devait vraisemblablement aussi bien connaître le sujet.

Quoi qu'il en soit, un mois plus tard, le 28 juillet 1757, ils confirmeront par acte notarié, leur accord :

" ... depuis ce temps ayant revu eux mêmes plusieurs fois les différents cantons, (ils) reconnaissent unanimement que les distinctions et remarques ... faittes par les dits Bachelier Bru et Lemerle sont justes.
Ils déclarent de nouveau s'encontenter pour n'avoir à l'avenir aucunes contestations au sujet de leur droits de dixme sur les dits cantons
et pour cet effet le dit seigneur de Bellisle et le dit sieur recteur ont de nouveau approuvés ... le contenu du procès verbal,
pour yceluy estre antièrement observé et éxecuté dans tous ses points ... rençonçant à revenir contre pour quelques cause ou pretexte que ce soit ..."




Maître Archambaud établira par la suite pour Pépin de Belleisle, toute une série de fermages (métairie de la Noë, des Huctières, de la Guillauderie, du Grand Panveau) et d'attournances (acte définissant la rente foncière due au seigneur la Freudière par les propriétaires relevant de sa juridiction).




Droit de pêche


Le 24 juin, avec le même notaire, Julien Pépin de Belleisle afferme pour 5 ans à Jeanne Durand (18), débitante de vin, veuve de feu Jacques Fremaudeau, demeurant au bourg de La Chevrolière, la charge de jouir (percevoir) les dîmes de Passay dues sur le fief du pé ou pueix, le fief du cormier, du Planty, de l'ouche Bechas, les prés et marais de Passay.

Jeanne Durand dit " bien les connaître pour en avoir ci devant jouy ; et de jouir des droits de pêche sans faire aucune novation ".
La somme à payer par an à la Toussaint est de 320 livres.

Transcription complète de la minute du 24 juin 1757 : Ferme de dîme et de pêche entre Pépin de Belleisle et Jeanne Durand veuve Fremaudeau pour 5 ans.


Le 12 novembre, Jeanne Durand sous-afferme pour une durée de 5 cinq ans (rétroactivement à partir de la Toussaint 1756) et pour 120 livres annuelles à André Jounin (19), marchand pêcheur et poissonnier à Passay, et à Marie Clergeaud, veuve de Mathurin Moreau demeurant à Nantes, les droits de pêche à l'exception de la pêche des joncs de la Mazure.

Les preneurs, André Josnin et Marie Clergeaud, étaient précédemment "fermier du lac", puisqu'à propos des droits de pêche, ils "ont dit bien seavoir connaistre pour en estre joüissants".

Transcription complète de la minute du 12 novembre 1757 : Sous-ferme de pêche entre Jeanne Durand et les preneurs André Josnin et Marie Clergeaud.






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Surnoms

Les surnoms à La Chevrolière


Dans les registres de baptêmes, mariages et sépulture, peu d'acte mentionne le surnom d'un chevrolin.

Nous avons François Corbeau dit Rubis, présent à l'inhumation de Pierre Cormerais le 7 mai 1748.

ADLA 3 E 41/5

C'est le beau frère de Pierre Cormerais, leurs femmes sont sœurs.

Pêcheur à Passay, il a laissé son nom (surnom) au bouquet de joncs sur le lac en face du Grand-Bonhomme.

Nous avons aussi Jean Josnin dit Bouancheaud vivant époux de Marie Barbeteau (26 janvier 1703 - 18 janvier 1747)
Sa mère est née Bouancheau (Bouanchaut), il est de Passay (pêcheur ?).

Enfin bien que non originaire de La Chevrolière, il est né sur la paroisse de Saint Martin de Nouvoitou (à 14 km au sud-est de Rennes), le garde chasse du château de La Freudière Julien Gavel dit Lacroix (8 mars 1711 - 22 juin 1774).


Un siècle plus tard, dans le premier registre du cadastre listant les propriétaires de La Chevrolière, l'administration fiscale a dû ajouter le surnom à certains propriétaires homonymes habitants à la même adresse.

A l'époque, les adresses étaient succinctes (département, commune, rue si existante ou village).
Pour Passay, le nom et le prénom ne suffisaient pas.

Nom Prénom Surnom
Albert Jean Bretin
Biton Pierre Metayer
Brisson Jean Roi
Brisson Jean Roi Jean
Brisson Jacques La Masse
Brisson François Francillon
Brisson Jacques Jacqueton
Brisson Jean Gros Yeux
Brisson Pierre Lucas
Brisson Pierre Milleron
Brisson Pierre Boutique
Brisson Pierre Grand Pierre
Doré Jean Petit Jean
Douaud Julien et Marie Daveaud
Douaud Jean Seut?
Gohau François Pistolet
Grillard Jacques La Semelle
Guibreteau Julien Liot Jacques
Guibreteau Pierre Raimbaud
Guillou Jean Jannet
Guillou Jean Joguet
Guillou Pierre Galerne
Josnin François Grand Framesse
Josnin François et Pierre           Morantin
Josnin François Bondieu
Josnin François Grand Françis
Josnin François Comet/Cosses ?
Josnin Jean La Floute
Josnin Jean Le 4
Josnin Julien Le Coq
Josnin Julien Leauté
Josnin Pierre Petit Piqueur
Lemerle Jean Tranquil
Tessier Jean Bas de Cul
Tessier Julien Langlais
Tessier Pierre Pilate

A la même période, d'autres surnoms étaient en usage à Passay, le cadastre ne listant que les propriétaires fonciers.
La pétition d'Augustin de Biré (20), à propos de l'assèchement du Lac de Grand-Lieu, adressée au Préfet fin 1838, en compte certains parmi les pêcheurs signataires.

Nom Prénom Surnom
Brisson Pierre la Pale
Brisson Pierre Ville de bois
Brisson Jean Bourbon
Brisson Jean Jagou
Brisson Julien               Jagou
Josnin Jean Balaud
Tessier Jean Bauchas


L'usage de surnom ou du pseudonyme (21) n'est pas propre aux siècles passés.

Que ce soit à Passay, à La Chevrolière (ou ailleurs), ils sont toujours d'actualité.





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Cadastre

C'est le 18 août 1844 que s'achève en mairie par la signature des registres la finalisation du premier cadastre de La Chevrolière (cadastre dit « Napoléon »).

Il se compose :

- des registres listant par parcelle, son propriétaire, l'identification de la parcelle (son numéro), sa nature, sa surface, son classement et son revenu,
- d'une cinquantaine de planches dont une permettant la vue de l'ensemble (tableau d'assemblage).

Ils sont en 2 exemplaires l'un pour l’administration, l'autre pour la commune.

En amont à cette réunion, les propriétés ont été classées par catégorie et par rapport à des parcelles de référence préalablement définies.

L'expert de l'administration fiscal avec les classificateurs ont effectué ce travail.

Les classificateurs sont les grands propriétaires (22).

La réunion avait pour but de présenter leur résultat et de les approuver (23).

Les signataires des registres sont :

- Le contrôleur principal des contributions directes M. Chabrel, l'expert M. Templé.
- M. le Maire M. Jean Beranger, son adjoint Jacques Choblet et les membres du conseil : MM. François Goheau, Pierre Martin Bouchaud, Jean Lhommelet, Alexis Barillière (24).
- Les classificateurs MM. Couprie, Rozier, Landais de la Cadinière, Deausse.

Le cadastre de La Chevrolière a été finalisé en 1844, comme toutes les communes du canton de Saint Philbert de Grand Lieu.
Saint Aignan et Pont Saint Martin l'ont été en 1827, Geneston et Montbert en 1822.



Registre

Un des deux registres a été numérisé et mis en ligne sur le site des Archives Départementales de Loire Atlantique sous le nom "Etat des sections des propriétés bâties et non bâties" .

La Chevrolière est divisée en 8 sections.

Le registre contient des annotations :

Page 212. Cela semble être le récapitulatif d'un bail de 1837 pour la métairie de Beausoleil entre M. Favreul père de Nantes et Pierre Padiou (25) :

5 décalitres de miel, 15 d'avoine, 1 barrique de vin, 18 poulets, 6 chaperons, 5 fr pour le dessèchement, 500 fr, 1 charroi de bois à Nantes.



Page 275. Liste des pièces de La Freudière :

- rez de chaussée : 1 cuisine, 1 vestibule, 1 pièce office, 1 salon à manger, 1 salle de billard, 1 petit salon de compagnie, 1 salon de compagnie.
- 1er : 7 pièces et 2 cabinets.
- 2éme : 10 mansardes plafonnées.



Pagination du site ADLA

section de à
A Passay 1 77
B Trejet 78 146
C Bourg 147 212
D Thubert 213 254
E forêt de la Freudière   255 274
F Freudière 275 301
G Grande Ville 302 334
H arsangle 335    365   


N° des parcelles par planche

Planche    du n° au n°
A1 1 361
A2 361 362
A3 609 1637
A4 1638 1788
A5 1789 1792
A6 1793
B1 1 105
B2 106 449
B3 450 1512
B4 1513 1846
B5 1847 1886
B6 1887 1935
B7 1936 2099
B8 2100 2234
B9 2235 2303
B10 2304 2483
B11 sans (Oignon)
C1 1 30
C2 31 293
C3 294 1035
C4 1036 1253
C5 1254 1506
C6 1507 1920
C6 dev. détail A planche C6
C7 1921 2098
C8 2099 2245
D1 1 134
D2 135 840
D3 841 1049
D4 1050 1145
D4 dev. détail A planche D4
E1 1 154
E2 155 343
E3 344 609
E3 dev. détail A planche E3
F1 1 36
F2 37 711
F2 dev. détail A B planche F2
F3 712 808
G1 1 546
G2 547 761
G3 762 937
G4 938 1056
H1 1 11
H2 112 197
H3 198 385
H4 386 441
H5 442 460
H6 461 1004


Planches du cadastre

Sur les plans, les haies, douves, bornes, croix sont symbolisées.

AD044 7P3167F031

Les routes de Saint Philbert et des Sables à Nantes sont représentées avec leurs fossés.

AD044 7P3167F033


De la Chaussée jusqu'aux actuelles Coutumes, le chemin est aussi bordé de fossés.

AD044 7P3167F009

Il est le seul nommé chemin vicinal.
Il faut dire qu'il a été l'objet de plaintes récurrentes sur son impraticabilité sur la commune de Pont Saint Martin (26).



Des passages à pied sec (planches) sont figurés.

AD0447P3167F024
AD044 7P3167F024

La planche du gué, située sur le chemin de Passay à L'Arsangle, enjambant le ruisseau en traversant le Gotha, n'est pas représentée.
Elle est ainsi nommée en 1853, puis planche du givre en 1873, Ponceau du Guy en 1881 et aujourd'hui Pont du gui (27).
A propos de gué, le nom du village de vilgai est à rapprocher avec vilain gué, mauvais gué.


L'ouvrage qui enjambe le ruisseau de la Chaussée ressemble à un ponton en bois avec la travée centrale amovible.

AD044 7P3167F027


Sur le chemin neuf de la Bastière et sur le chemin du bourg aux grands chemins (c'est à dire de La Chevrolière à Monbert) entre Le Chêne et la Bourdinière, deux petits ponts (ponteau) sont représentés (28).

AD044 7P3167F042
AD044 7P3167F041

Croix

6 croix sont figurées :
- dans le cimetière à côté de l'église,
- à Passay,
- au croisement du chemin du Bourg à Passay avec celui des Halles. C'est la seule nommée : croix Fouché,
- le chemin en sortie du Bourg vers Saint Philbert (proche de l'emplacement actuel du calvaire du Sacré-Cœur),
- à la chaussée (croix Montfort),
- au carrefour des chemins entre le Rateau et les Basses Haies.

Les noms des parcelles signalent l'existence d'anciennes croix.

Croix jolie : au croisement du chemin du Rateau à Pont Saint Martin avec celui des Basses Coutumes.

croix jolie de fablou


Croix basse : au croisement du chemin du Bourg à Pont Saint Martin avec celui qui se dirige vers la Thuilière.

AD044 7P3167F024

Elle est déjà nommée ainsi dans un aveu du 8 juin 1682 relatif à la ferme de la dîme de la chapellenie de St Antoine.
Dans un acte de 1760, elle est appelée croix blanche du Planty, du planty veut dire que la pièce désignée est du domaine du planty.
C'est que l'on comprend d'un autre acte de 1769 à propos de la pièce nommée petite croix basse située dans le même lieu (29) .


Pièce de la Croix : sur le chemin du bourg de la Chevrolière à Monbert, avant la Bordinière (voir plus haut le plan relatif au ponteau de la Bordinère).


Pièce de la Croix : en face de la pièce de la fosse au loup, à l'extrêmité de la longue allée des coppis passant devant Le Guéret.

croix allée de coppis

Ces dernières ne sont peut-être qu'une désignation de carrefour.



Moulins


8 moulins sont représentés (30) :
- 5 moulins de Passay,
- le vieux Moulin,
- le moulin de bras de Charette,
- le moulin au champ, moulin de haut champ.

Comme pour les croix, les noms des parcelles révèlent d'anciens moulins.

Le premier, à l'ouest de Fablou, est facilement localisable. La parcelle est nommée cerne du moulin de la Freudière.

Pour le second à l'est de Fablou, sa présence et sa localisation sont plus difficiles.
Au premier carrefour du chemin de Fablou en direction de la Grivelière, les parcelles s'appellent grande pièce du moulin, petite pièce du moulin, pièce du moulin.
Par ailleurs, un acte notarié de 1803 est relatif au moulin de La Grivelière (31) .

moulins de Fablou

Par contre, la pièce du moulin située au carrefour du chemin du Rateau à Pont Saint Martin avec celui de l'Aubinière à La Tranchais n'est pas liée à la présence d'un ancien moulin mais à son appartenance à un meunier.

moulins de Fablou

En effet, un acte notarié du 1771 (32) indique :

"la dame Robiou ... cède ... à Joseph Biton farinier de la Planche Bru la moitié du moulin haut champ et deux journaux et demi a prendre dans le haut de la lande de L'aubinière, du côté des pièces de terre du rateau ..., du chemin passant le long de la dite lande qui conduit du Pont Saint Martin au Rateau ..., jusqu'aux terres du Rateau ... vers orient."



Plan d'ensemble du cadastre

Le plan qui suit a été réalisé par l'assemblage des différentes planches du cadastre de 1844.
Il est plus détaillé que celui présent dans l'article sur les sieurs de Beausoleil, les haies sont représentées.

En 1844, les landes du Gotha ne sont pas encore partagées et mises en culture. Le chemin du Bourg à Saint Philbert les traverse.

Les seules routes sont celles à l'est de la commune : la route de Nantes aux Sables d'Olonne et celle de Nantes à Machecoul.
Cette dernière est une des voies stratégiques des départements de l'ouest décidées en 1833 pour faciliter les déplacements des troupes en cas de troubles (33).

Elle a fait l'objet d'un recalibrage.
La présence de délaissés appartenant au département, au niveau du Mortier et de la Girouardière l'atteste (section G, parcelle n° 813 l'aisse et n° 816 laisse).

laize délaissé route de Saint Phibert- planche G3- AD044-7P3167F043

A noter l'absence de haies bordant les routes.
Elle est peut-être due au statut même de route stratégique, ou aux restes des directives d'arrasement et de coupes établies pendant les guerres de Vendée.

La majeure partie de la commune est classée en terre labourable.
Les parcelles humides, inondables le long des ruisseaux, des rives du lac sont classées en pré, pré-marais.
Il subsiste quelques parcelles classées en landes.
Les vignes dominent autour de Fablou, La Thulière, L'Angle (le fief de l'angle), Passay, La Freudière.
Presque toutes les métairies en ont une à proximité (ainsi qu'une aire, un jardin, un pré d'usage, une mare).

Le maillage des haies est régulier pour les terres récemment mises en culture (l'actuelle Boulaie, la future Georginère), et celles entre La Freudière et la Davière.
Le maillage apparait rayonnant autour de La Tranchais, et circulaire au nord de Thubert.
La rupture dans le maillage au niveau de la grande avenue du Mortier indique que son tracé est postérieur aux haies.

Cadastre 1844 LA CHEVROLIERE


Désignation des parcelles

La réalisation du cadastre a nécessité de nommer chaque parcelle.

Certaines situées dans un même lieu-dit ont hérité du même nom : les landes de L'Angle, les landes de Treget, les Chaffaux, ...

D'autres, dans le même cas, ont été individualisées.
Par exemple, les Surchaux au nord de La Grivelière : pièce des châtaigniers du surchaux, pièce du milieu des surchaux, troisème pièce des surchaux .

Parfois le nom du lieu-dit étendu n'est pas repris :
- le fief de l'Angle,
- l'Ile de l'Arsangle (de la Girouardière jusqu'au lac, entre les ruisseaux de la Haie et du Gotha).
Cela a été l'occasion, pour certains, de les "baptiser" d'un nouveau nom. Comme il est fait actuellement pour nommer les rues d'un nouveau lotissement.
Exemple, les landes de Malabrit à l'ouest de Thubert : pièce à froment, pièce à patates, pièce aux choux.

La désignation des lieux-dits est propre à chaque époque.
Le seigneur de la Freudière en 1757 se plaignait à propos d'aveux vieux d'un siécle que :

" ... les noms des anciens débordements ne leur sont point assez connus, qu'il y a d'autres endroits où on a fait des changements par des chemins qui ont existé et d'autres qu'on a changé ...".

(Cf. L'article : Pépin de Belleisle seigneur de La Chevrolière - droit de dîme.
Procès verbal de plantation de bornes entre Pépin de Belleisle et le recteur de La Chevrolière).

De la même façon, les désignations de parcelles dans les actes notariés de son époque ne sont plus présentes 100 ans plus tard dans les registres du cadastre de 1844.
Ainsi ont disparu, le chemin michelot, le courtil caillaud, la tenue bastard ou robatard, la marchaiserie, les poutouardières, le blondeau, la ressandrie, ...

Disparu ? Pas toujours.
Le fief Alexandre du cadastre de 1844 (n° 785 à 792, planche H6) ne serait-il pas la ressandrie décrite en 1760 dans la série d'actes faite au profil de Julien Pepin de Belleisle (34) ?

" .. un canton de terre aux environs du dit village de passay ... apellé la ressandrie contenant environ deux journaux,
tenant d'un bout terre aux Billots, d'aud bout à l'avenue de la noë, d'un costé le fief de l'aubrais d'autre costé les tenües du clou et du Loudou ...".


La rédaction du registre n'a pas été facile pour le préposé aux écritures.
Les locuteurs avaient un accent, une façon bien à eux de prononcer les mots et de s'exprimer. L'instuteur Fraslin en 1902 fait le même constat (35).
Le rédacteur ignorant parfois le sens de ces désignations les a transcrites tels qu'il les a entendues avec une orthographe incertaine et changeante, sans exclure des erreurs de copiste (ou de dyslexie) :

- Les arrajouès du motoué , il fallait comprendre du motois,
- le moc peignier, le moque panier,
- les marais d'arbonne, les marais contigus de Pont Saint Martin sont nommés d'Herbonne,
- la guelle de lande : la gueule de la lande (l'entrée de la lande),
- pièce du châtaignier : parcelle située parmi d'autres pièces du châtelier ,
- le pas douielle : le pas d'ouaille (36),
- pièce du bricoul : briclou ou brique loup,
- les guinechiens : les guignechiens,
- pièce de la nonette : pièce de nouette,
- pièce des ronses : pièce des ronces,
- fief d'envie, fief david : pour deux parcelles côte à côte.



Pour les distinguer les unes des autres, des qualificatifs sont employés :

- de forme et de dimension : petite pièce, grande lande, pièce pointue, pièce à trois coins, pièce longue, la longée, pièce carrée, pièce plate (sans sillons),

- de position  : la pièce basse, courtil du bas, les courtils d'en haut, la bauche du haut, la pièce du milieu, pièce du bout de l'allée, le cul du grand bois, le cul de sac, le coin de l'ouche, le dret la haut (la droite en haut ?), vivier noir du couchant, vivier noir du levant, pièce du midi, la pointe, le préau (le pré haut), pièce du chant du chemin (du coin du chemin),

- de position par rapport à un élément singulier : pièce du four, pièce de la grange, pièce de la croix, les rives, pièce du moulin,

- d'appartenance : pièce du Mortier, lande de l'Aubrais, marais de Beausoleil, pré de la cure, pré à Corbeau, pré Guibreteau, l'ouche Martin, tenue de Michel Hoirie (37),

- d'utilisation : pré aux veaux, pièce à froment, fumier de la ville, le pré courant,

- ou tout simplement pour les différencier :
-- pièce aux rats, pièce aux renards, aux vaches, aux veaux, des lapins.
-- pièce aux choux, pièce de trêfle, des patates.
-- pièce d'ajoncs, de chiendent, des fougères, de joncs, des ronses
(ronces), des brandes, des chardons.
-- du châtaignier, du chêne, du gros chêne, du cormier, du gros cormier, du peuplier, du pinier, du poirier, du poirier penu, du houx, du noyer, du pommier Saint Jean
(variété de pommes primes en début d'été : St Jean = 24 juin).


Et puis, il y a tous ces mots désuets encore présents de nos jours dans les noms de villages, de rues dont on n'a pas toujours la signification originelle.
- bauche : lieu déboisé, pour la Chevrolière (38),
- rabine : allée plantée d'arbres,
- courtil : jardin,
- essart : terre déboisée et défrichée,
- ouche : terrain, généralement de bonne qualité, proche de l'habitation et enclos, servant de potager ou de verger ou de petit pâturage.
définition COURTIL du CNRTL,
définition ESSART du CNRTL
définition OUCHE du CNRTL,



Noyades


Lorsqu'on évoque les noyés à La Chevrolière, on pense évidement au lac de Grand-Lieu.
Dans les registres paroissiaux et d'état civil de la Chevrolière consultables sur le site des archives départementales de Loire-Atlantique, on trouve tout d'abord (la dernière année consultable est 1912), le plus emblématique des passys :
Arsène Corbeau (39).
Disparu depuis le 10 février 1912, son corps n'a été retrouvé que le 29 février avec celui de son confrère garde-pêche Jean Joseph Garreau.

Après (ou plutôt avant), nous avons :

- 13 décembre 1887,  Jean Joseph Emile Baudry  (20 ans), pêcheur : ... s'est noyé accidentellement,
- 8 mai 1876, François Douaud (30 ans), pêcheur : à 11 heures du matin ... s'est noyé dans le lac de Grand-Lieu,
- 2 novembre 1870, Julien Freuchet (65 ans), marchand de poissons : ... a été trouvé noyé dans le lac de Grand Lieu,
- 22 mai 1853, Pierre Guibreteau (38 ans), pêcheur : à 2 heures du soir ... s'est noyé dans le lac de Grand-Lieu,
- 17 février 1850,  Joseph Hervouet (36 ans), pêcheur : les 5 heures du soir s'est noyé dans la rivière de l'oignon et n'est apparu qu'aujourd'hui (le 7 mars 1850).
- 2 aout 1828, Jacques Tessier (17 ans), pêcheur : à 5 heures du soir s'est noyé dans le lac de Grand-Lieu,
- 29 avril 1820, Jean Albert (45 ans), pêcheur : s'est noyé dans le lac de Grand-Lieu ... a été trouvé et tiré de l'eau le 7 mai.


En 1792, le registre des sépultures ne nous est pas parvenu.
C'est dans le registre des délibérations municipales que les circonstances du décès, le 11 mars, de Pierre Cormerais (53 ans), journalier, sont indiquées.

Thomas Surget farnier demeurant au village de la Thullière qui vient de tirer de l'eau le nommé Pierre Cormerais du village de La Chaussée proche le bourg de La Chevrolière
qui nous a déclaré du bourg se rendant chez lui environ les onze heures du matin passant sur une petite chaussée nommée la chaussée du bourg (40)
où a tombé à l'eau le nommé Cormerais étant vu de plusieurs personnes qui n'ont pas pu le sauver ...


Sous l'ancien régime, le recteur ou le vicaire prend soin d'indiquer que l'inhumation est réalisée avec la permission des autorités compétentes selon le lieu du décès 41) :

Clair Josnin, 4 novembre 1760 :

Le 4 novembre a été inhumé par moy soussigné le corps de Clair Josnin fils de feu Clair Josnin et de Marie Bru du village de Trejet,
ayant été trouvé noyé dans la rivière de l'Ognon sur le rivage de Trejet dimanche dernier deux du présent mois
nous ayant auparavant apparu une permission de monsieur le procureur du duché de Retz à Machecoul
par laquel il consent que le corps du dit Josnin soit levé et enterré en date du 3 du présent signé Real Desperrieres.
Le dit Josnin était âgé de 23 ans. Ont été présents André Bornigal son oncle Laurant Josnin son cousin issu de germain et Claude Josnin...

En 1752, Pierre Grillard, marchand poissonnier de Passay, s'est noyé dans la Loire sous les ponts de Nantes.
Son inhumation a eu lieu à St Jacques de Pirmil le 2 janvier 1752 :

... a été inhumé … de la permission nous accordé par les messieurs de l'amirauté de Nantes en date du premier janvier de l'an présent signé Geslin avocat du roy de l'amirauté ...
le corps de Pierre Grillard noyé sous les ponts …. âgé de 35 ans vivant marchand poissonnier marié de Marie Belvaire ...

En 1748, Pierre Doré, laboureur de La Boulaie, trouvé noyé dans l'Ognon à Saint Colomban :

" ... Pierre Doré époux de Marie Proust âgé d'environ 54 ans trouvé noyé à la chaussée de Besson paroisse de St Colombain a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par permission de sieur recteur de St Colombain vu la permission de l'inhumer accordée par monsieur le sénéchal de la juridiction de Villeneuve en St Colombain en date du 26 présent mois
et  été présents Mathurin Doré son fils et Pierre Doré qui ne signent le vingt sept de l'an mil sept cent quarante. De Chaille Prêtre vicaire.

En 1747, Pierre Josnin, pêcheur de Passay noyé dans le Lac de Grand-Lieu :

Pierre Josnin noyé dans le lac de Grand-Lieu, le 5 aout 1747 vivant époux de Michelle Albert âgé d'environ cinquante ans a été inhumé dans le cimetière en conséquence d'ordonnance de M. Miniere faisant fonction de sénéchal de la juridiction du lac en date du dit jour et an signée Miniere, Bourye, Papin
ont été présents François Josnin frère, François Brellière qui ne signent le sixième août 1747. De Chaille Prêtre vicaire.

En 1746, Augustin Grillard noyé dans la Boulogne à St Philibert :

Le 12 mai 1746 a été inhumé dans le cimetière le corps d'Augustin Grillard veuf de Martine Deslescrain originaire de La Chevrolière âgé d'environ 35 ans noyé hier sous le pont de St Philbert et ce après la permission a nous accordée par les juges de la juridiction de Machecoul en date du 12 du présent mois signé Denis commis greffier,
ont assisté au convoi Marguerite Grillard et Anne Grillard et Janne Grillard ses enfants demeurant en la paroisse de La Chevrolière qui ont déclaré ne savoir signer ce enquis ….

En 1745, deux jeunes enfants sont inhumés à La Chevrolière :

Pierre Guilbaud, le 28 mars, âgé d'un an et huit mois, a été trouvé noyé dans le jardin de la métairie de Trejet.
Deux mois plus tard, le 24 mai, c'est Julien Bretagne (4 ans et 1 mois) lui aussi trouvé noyé dans une fosse près de la maison de son père au village de la Tullière.

Là aussi, les inhumations ont été autorisées par le Monsieur Real, le procureur fiscal de Machecoul.
Comme le seront par le même, celles de Thomas Le Doux (2 ans à peine), le 4 avril 1746 , trouvé noyé au village du Rateau", et d'Olivier Redor (3 ans et demi), le 6 mars 1749 "trouvé mort noyé dans une fosse près les Huctières.

En septembre 1706, deux fillettes de La Guerche sont inhumées avec la permission de monsieur Laloüe :

ADLA - LA CHEVROLIERE - 1706 - 3E41/3

le vingt uniesme jour de septembre 1706 a esté par moy p(rê)tre soussigné inhumé le(s) corps deuden? fille agée de neuf ans de jan doré et marie freucher de la mestairie de la guerche et de margaritte fille agée de huit ans de eutrope dorré et de margueritte herber du village de la guerche les distes enfans noyés dedans le lacq de grandlieu ...


En 1764 et 1765, le recteur Gennevoys détaille les circonstances des deux noyades :

Julien Josnin - 1765

ADLA - LA CHEVROLIERE - 1765 - 3E41/6

Le dix sept décembre mil sept cent soixante cinq a esté inhumé le corps de jullien Josnin fils mineur des feus jullien Josnin et michelle doré ageé d'environ vingt deux ans lequel tomber a l'eau la nuit du dix à l'onze septembre dernier en passant de st lumine à passay en compagnie de jullien guibreteau à qu'il fut impossible de le sauver a cause du mauvais tems, Le dit corps trouvé hier sur le lac près les marais de St lumine par jean et guillaume Josnin ses freres et Jullien Josnin et François Corbeau qui l'ont conduit chez le dit jullien guibreteau qui declare que le defunt tombât à l'eau en faisant une manoeuvre pour accommoder la voile, presens jullien Bitton de la p(aroi)sse de Bouguenais tuteur du deffunt, le dit jullien Guibreteau les dits jean et guillaume josnin freres et jullien josnin cousin germain qui declarent ne savoir signer de ce requis la sepulture faite sans formalité de justice, du consentement et vûe une lettre du sieur david procureur fiscal de la juridiction du lac de grandlieu signée de lui et dattée du 17 septembre dernier.
Gennevoys Recteur.


Mathurin Corbeau - 1764

ADLA - LA CHEVROLIERE - 1764 - 3E41/6

Le seize avril mil sept cent soixante quatre a été inhumé le corps de mathurin corbeau du village de trejet, noïé d'hier dans lendroit apellé la calmine, etant dans un petit batteau pour lever des engins a poisson en compagnie de pierre corbeau son frere qui s'est sauvé sachant nager, vû le billet signé F. real procureur fiscal de machecoul qui permet l'inhumation sans formalité datté d'hier, vivant epoux de janne josnin, ageé d'environ vingt quatre ans, presents la veuve n'aïant qu'une fille de deux ans, Jullien corbeau frere, pierre et jacques albert freres uterins du deffunt tous de cette p(aroi)sse et declarent ne savoir signer ce requis.
Gennevoys recteur


Comme on l'a vu, ce ne sont pas que des pêcheurs du lac qui sont déclarés noyés dans les registres.
Il n'est d'ailleurs pas certain que l'origine du décès par noyade y soit consciencieusement rapportée.
De la même façon, toutes les morts sur le lac ne sont pas des noyades :

Le dix novembre 1745 a été inhumé dans le cimetiere le corps de julien Corbeau mort subitement sur le lac de grand lieu ont été présents marie martineau sa femme jean et andré corbeau ses freres et autres qui ne signent
De Chaille p[rê]tre vicaire.


D'autre part, le nom de certaines parcelles du cadastre de 1844 évoque les noyades.

La pièce du noyer semble relative à l'arbre, elle jouxte la pièce du châtaignier.

pièce du noyer - D1385 - cadastre La Chevrolière 1844

Pour la fosse du noyer, l'association fosse et noyé est évidente.

fosse du noyer - A1911/1912- cadastre 1844 LA CHEVROLIERE

Il se peut que la fontaine aux fous soit une allusion à un acte de désespérés (fontaine : abreuvoir, mare ...).

fontaine aux fous - E365/366/E368 - cadastre 1844 LA CHEVROLIERE

Pour terminer, les noyades ne sont pas les seules morts accidentelles rapportées par les registres :
- Joseph Roquet, marchand volailler, écrasé par une charette sur le grand chemin près la Roullière (22 ans - St Colombin - 26 juillet 1776).
- Simon Corbineau, métayer de La Landaiserie, écrasé par sa charette en vertais (28 ans - St Jacques de Pirmil - 4 juin 1756).
- Pierre Prou, métayer du Grand Panveau, écrasé par sa charette (46 ans - 19 mars 1744).

ADLA - LA CHEVROLIERE - 1744 - 3E41/4

Le vingt mars mil sept cent quarante quatre a été par moy et soussigné inhumé dans le simmetiere proche la croix du costé du chemin le corps de pierre proux en son vivant epoux de jeanne Blondeau sa f(em)me trouvé mort hier matin et écrasé par sa charrette, dont une voie luy a passé sur tout(?) teste, revenant du charon du village de passay, proche laubrais, c'est à dire au lieu appellé le Brossac, comme l'on rapporté pierre thibaud et Loüis Sorin laboureur, les deux domiciliers de Laubrais, qui ont accompagné la ditte jeanne Blondeau femme dudit decedé lorsqu'elle en a fait la levée pour le conduire au grand ponveau sa demeure afin de donne rendre pour le faire inhumer honorablement et selon sa condition, ont assisté à la sépulture comme temoins, jullien proux frere du deffunt et Loüis proux qui ne signent G. Babin P(re)tre vic(aire)




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Calmine


Ainsi, Mathurin Corbeau s'est noyé en avril 1764 dans l'endroit appelé La Calmine.

La Calmine n'est pas située sur le lac de Grand-Lieu.
C'est aujourd'hui le ruisseau qui donne sur L'Ognon entre la Guerche et Treget.

OpenStreeMap - le ruisseau des Calmines


Dans le cadastre de 1844, les parcelles numérotées 42, 43 et 44 de la planche A1 sont nommées La Calmine.

cadastre 1844- le fief de l'Angle
cadastre_1844-extrait_planche_A1-AD044-7P16F002

Le propriétaire en est Léon Aristide Fouillolle de la Gendronnière (42).



Cette localisation est confirmée par le rôle de répartition de la taxe de dessèchement des marais de La Chevrolière de 1730.
Il liste les prairies inondables de La Chevrolière bordant le lac et l'Ognon en suivant la géographie en partant du sud et en remontant les ruisseaux jusqu'au nord de la commune.
La petite Calmine est positionnée entre le Grand Buisson et le Pâtureau de Harmée.
Voici ses caractéristiques :

Propriétaires Surface Taxe
René Le Merle 9 cordes et ½   7 sols 11 deniers
les héritiers de Julien Biton 1 corde 10 deniers
Philbert Charré 2 cordes 20 deniers
Pierre Josnin 2 cordes et ½ 25 deniers
Jan Josnin 2 cordes et ½ 25 deniers
Michelle Padiou vve François Guibreteau  2 cordes et ½ 2 sols 1 denier

La parcelle fait 20 cordes (1/4 de journal) c'est-à-dire une surface d'environ 1 200 m2, soit pour exemple une bande de 15 mètres de large sur 80 de long.
Cette surface correspond à la bande de terre gagnée par l'assèchement provoqué par les travaux entrepris par la société du canal du Busay.



Calmine apparaît aussi dans un Procès verbal de mai 1626.
Il y est décrit comme "planté de vigne blanche depuis quinze à seize ans ... fermé de haies et fossés fort anciens du côté de l'orient et vers le midi, et ... plus récents aux autres endroits vers le septentrion et vers l'occident".

Le clos de Calmine est au centre d'un conflit qui opposa le recteur de La Chevrolière, messire Julien Busnel, à Maître Mathurin Chupeau, sieur de la terre de La Guerche.
Ce dernier au début de l’automne 1625 avait pris de force la vendange et les dîmes des clos des Brossardières et des Avenaux relevant du recteur.
Celui-ci, en représailles, avait pris celle du fief de la Calmine.



Comme on le voit en 1626, la calmine était un clos de vigne. En 1730, la petite calmine désignait la partie basse en marais.

Quel est le sens de "calmine" ?

Dériverait-il de saint Calmin, fondateur d'abbayes au centre de La France (43) ?
Toutefois, Calmin ne semble pas être honoré dans le pays Nantais où il ne bénéficie pas de chapelles ou d'oratoires dédiés.
Tiré du nom de famille, un lieu habité serait nommé Calminière à l'instar des villages de La Girouardière (Gérard, Girard, …), La Thibaudière (Thibaud), la Brossardière (Brossard) ...

Serait-il lié à Condamine (44) ?
Lorsqu'on évoque Condamine, on pense plutôt aux Condamines / Contamines des Alpes et du Jura.
Ces régions de l'Est, fort éloignées de Nantes, sont du pays d'oc. Elles n'ont rien de commun avec le pays d'oïl dont La Chevrolière est issue.

Mais, deux articles publiés en 1964 et 1966 dans la Revue internationale d'onomastique (45) suggèrent l'équivalence entre coulmaine et condomine et signalent la présence de la petite Calmine dans le dénombrement de 1575 de Chazeuil en Côte-d'Or.

En 1997, Pierre-Henri Billy, dans son étude très complète sur la condamine (46), indique les différentes évolutions phonétiques de condamina.
Il reprend l'exemple de la petite Calmine de Chazeuil où il note à propos de la modification du phonème de la première syllabe :
[ol] > [al]  : cas très sporadique d'aperture en zone d’oïl .



Il faut bien reconnaître que tout ceci n'est qu'une hypothèse.
Pour l'appuyer, il faudrait trouver d'autres exemples de "calmine" dans notre région, issus d'écrits anciens ou de toponymes.



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La Noé de Passay


Vente judiciaire par les Laurent

La mise en vente du domaine de la Noé de Passay, le sergent royal maître Vincent Rottereau l'a annoncée devant le portail de l'église de La Chevrolière, le dimanche 9 décembre 1646 (47).

La même annonce, bannye, a été faite aux paroisses voisines par leur sergent royal respectif, et répétée les deux dimanches suivants, les 16 et 23 décembre.

Ainsi ont été avertis les paroissiens, métayers et autres, dépendants du domaine :

Thomas Martin de la métairie de la porte de la maison de la Noé,
Jan Bouilly et Gilles Doré de la métairie de La Noé,
Jan Albert de la métairie de la Michelerie,
Pierre Guyberd et Gilles Ouairy des deux métairies de la Grande Ville,
Pierre Guybretau de la métairie du Plessis,
Michel Leproust de la métairie du Petit Panveau,
Sylvestre Doré de la métairie du Motois.

Les métayers du Marais et de La Bourdinière, ceux de La Bourgnonerie, Villegay, Les Halles, Le Chêne, La Richarderie.
Et tous les particuliers faisant à devoir de quart les vignes près de la Noé, de la Michellerie (le Mouchou avec ses 60 hommées de vignes), de Passay.

Ainsi que les métayers des Grandes Grolles, des Grolles Neuves (ou Petites Grolles) à Saint Philbert de Grand-Lieu, et ceux du Demiboeuf à La Limouzière.

Cette vente judiciaire a été faite à la requête de Messire René Laurent, seigneur de la Noé de Passay, héritier de défunt Julien Laurent et d'Yvonne Charette suite à la saisie qu'on avait voulu faire apposer sur ses héritages.


Le descriptif du domaine en vente est tout aussi flatteur que nos actuelles annonces immobilières.

La Noé est :

Une fort belle maison composée d'une grande salle, grenier au-dessus,
deux grands pavillons aux deux bouts en chacun desquels (il) y a deux chambres basses, deux hautes et greniers au-dessus,
deux escaliers aux deux bouts de ladite salle pour monter aux chambres desdits pavillons et greniers.
Le tout bâti à la moderne couvert d'ardoise.

Une grande cour au devant de laquelle sont grand nombre de logements nécessaire pour la perception et la récolte des fruits de la maison comme pressoir, grange, écurie, boulangerie, taiterie,
ladite cour fermée d'un beau portal.

Le jardin derrière la maison, entouré de grandes douves, garni de bons arbres fruitiers et en quantité.
A l'un des bouts duquel une belle chapelle et en l'autre bout une parfaitement belle fuie.

Tout autour de la maison est un fort beau et ample domaine en dépendant, ... en vigne, bois de haute futaie de décoration ..., chênaie, bon taillis et de rivière, prés, grand marais et paturaux qui vont depuis la maison jusqu'au lac de Grand-Lieu et aux terres de Passay.

Dans lequel domaine sont beaucoup d'arbres de très belles allées plantées les unes d'arbres fruitiers et les autres de chênes,
et à toutes les avenues de la maison sont des rabines d'arbres incomparablement belles tant par leur grandeur et largeur que du plan.


Les droits rattachés à la Noé sont rappelés :

banc et enfeu prohibitifs à toute personne au cœur de l'église paroissiale de La Chevrolière,
sa ceinture et litre (48) au moyen de ses armes à l'autour dehors et dedans icelle comme étant le seigneur de la Noé et ses prédécesseurs fondateur de ladite église.

Une chapellenie (49) bonne et considérable fondée et desservie en l'église paroissiale de La Chevrolière, dont la présentation appartient au seigneur de la Noé.

Droits de pêcherie et plusieurs autres droits dont il est en bonne possession et jouissance.


Ainsi que les métairies et tènements attachés au domaine :
La Noé, La Michellerie, La Grande Ville, Le Plessis, La Bourdinière, Le Motois, Le Marais, la Bourgnonerie, Villegay, Les Halles, Le Chêne, Les Grandes et Petites Grolles à Saint Philbert, Le Demiboeuf à La Limouzinère.

Et le lieu de Passay :

consistant en la maison noble et terre et appartenance dudit lieu en la paroisse de La Chevrolière consistant … en maison principale autrefois composée d'une grande cave, salle et cuisine au-dessus, ... écurie et logement à côté portail sur lequel on avait pigeonnier vue du lac de Grand-Lieu, pressoir, cellier, cour fermée avec son portail.
A présent tous lesdits maisons et logements sont bâtis en ruine.

Le jardin au derrière, les terres labourables ... prairies, garennes et refuges à connils, vignes et autres terres labourées ; parties desdites vignes qui sont en façon terre à devoirs de quart par plusieurs particuliers.
Marais et droit de pâture, pêcheries et droit de fief, rentes en deniers, blés, chapons, poules, poulets ... 


La procédure de vente judiciaire prend du temps, les sergents royaux sont sollicités à maintes reprises pour faire les proclamations dans les paroisses :

à haute et intelligible voix devant la grande porte d'église, lieu accoutumé à faire.

Au final, le 30 avril 1647, la vente est adjugée à René Ferron (50), président en la chambre des comptes de Bretagne, pour 65 000 £.

Toutefois, le 7 mai 1647, René Ferron, seigneur de La Villandon, scelle un accord avec Gilles Pantin, seigneur de La Guère et dame Françoise Laurent, sa compagne (sœur de René Laurent).

Le domaine de la Noé de Passay reste dans la famille, Gilles Pantin payant le prix de la vente au lieu et place du seigneur de La Villandon (51).

Le 29 avril 1648, Gilles Pantin renouvelle la ferme de La Noé de Passay à Vincente Desmortiers (52) pour 9 ans et 3 300 £ annuelles pour les 4 premières années puis 3 800 £ les suivantes.
Ferme de la Noe de Passay à Desmortiers

En 1659, Gilles Pantin décède. Il est inhumé à Ancenis.

Julien, son fils aîné, fera un échange de terres avec le recteur de La Chevrolière pour agrandir le domaine de la cure autour du presbytère (53).


Vente par les Pantin

A la succession de Gilles Pantin, la famille Pantin a des dettes.
Les emprunts faits pour l'acquisition du domaine en 1647 ne sont pas tous remboursés.
Le domaine de la Noé de Passay est remis en vente.

Le 17 janvier 1660, un accord pour la vente est finalisé avec :

Messire François de la Grue chevalier seigneur de la Frudière demeurant en sa maison seigneuriale de la Frudiere paroisse de La Chevrolière ...
faisant tant pour lui que pour dame Catherine Desgatinaire son épouse ...
moyennant la somme cent six mil cinq cents livres ...
Le seigneur de la Frudiere acquéreur ... promet (de) payer en cette ville ou celle d'Angers
en la décharge de la succession dudit défunt seigneur de La Guère
et préférablement les dettes créées pour le payement du prix desdites terres de la Noé de Passay et le surplus aux autres créditeurs de ladite succession
selon la priorité de leurs actes et hypothèques desquels créanciers les dits vendeurs seront tenus (de) fournir état ou mémoire de délégation dans (la) huitaine prochaine".

Le 24 janvier, les Pantins fournissent la liste (la délégation) d'une vingtaine de créanciers (54).

Par rapport au contrat de 1647, la maison de Passay composée d'une grande cave salle et cuisine au dessus... n'est plus citée.

Le droit de pêche est précisé :

Item un droit appartenant à ladite maison seigneurie de la Noue de Passay,
de faire tendre par les pescheurs des paroisses de Saint Philbert Le Pont Saint Martin et La Chevrolière
leurs raies filets et ancrois sur les eaux du lac de Grand-Lieu
un jour et une nuit de chacune année à son choix à ce qu'il aille ou xmoys?
les leur en prendre le poisson qui pourra s'y trouver
parce qu'il sera tenu faire avertir les pescheurs aux prosnes des grandes messes paroissiales des dites paroisses le dimanche précédant.


Le 3 octobre 1660, Julien Pantin dans son château de La Guère (au nord d'Ancenis) remet contre décharge à François de la Grue 39 actes concernant la terre de la Noé.
Ils sont la plupart relatifs aux droits honorifiques dans l'église paroissiale de la Chevrolière pour lesquels les seigneurs des lieux étaient procéduriers.
Reçu de François de La Grue pour 39 actes fournis par monsieur de La Guère


Un siècle plus tard, en 1751, Marie-Renée de la Grue, veuve du baron René de Kermoisan, petite fille de François et Catherine Gastinaire, fille de Claude et Jeanne Françoise Angélique Hay, vendra ses possessions dont la seigneurie de la Noé de Passay à Julien Pépin de Belleisle (55).



Maison noble de la Noé de Passay

La grande Noe

La demeure de la Noé de Passay avec ses deux pavillons accolés est encore présente à La Grande Noe.
Remaniée au fil des siècles, la symétrie initiale de la façade du logis est à peu près conservée.
Les bâtiments qui entouraient la cour et son beau portail qui la fermait ont disparus.

détail porte facade avant droite Détail de la porte à gauche de la façade avant du bâtiment principal.
Le même détail architectural est présent sur la droite de la facade.

Les avenues ... incomparablement belles ont, elles aussi, disparues.
Elles subsistent dans le nom des parcelles du cadastre de 1844, la petite allée et la grande rabine avec son extrémité évasée si particulière.

La Grande Noe - cadastre 1844

Passay

De la maison noble de Passay, il ne reste plus aucune trace visible dans le village.
Elle était déjà en ruine en 1647, ainsi que le pressoir de la Noé et le logis du Mouchou situé à La Michellerie.
En 1660, elle n'est plus citée dans le descriptif des dépendances du domaine de la Noé de Passay. Il est seulement noté le bordage de Passay

On peut supposer qu'elle était située sur le coteau sur la partie à droite de l'actuelle rue du Lac.
Au début du XIXéme, Marc Le Sant et Jean François Verger (56) décrivent Passay comme assis en amphithéâtre sur un petit coteau, dont la base vient s’appuyer sur la plage même de la magnifique nappe d'eau.

Le nom de certaines parcelles du cadastre de 1843 situées sur le flanc du coteau interpellent :
le jardin de la cour, la herse, la herce, le jardin de la herce.

Passay- cadastre 1844- 1948

Le jardin de la cour fait penser au jardin derrière la cour fermée décrite en 1647.
Quant à la herce / herse, plutôt que l'instrument d'agriculture pour ameublir le sol (casser les mottes), la grille mobile défendant l'accès à une porte est plus logique.
Au-dessus de ces parcelles, le lieu-dit "le puits" devrait s’orthographier "le puy".

Cette supposition est confirmée par une série d'attournances, rentes foncières et perpétuelles, dues à messire Pépin de Belleisle par des propriétaires de maisons ou terrains situés à Passay (57).
On retrouve pour décrire et borner les terres soumises à la rente, les termes "la cour de Passay", "le jardin de la cour", "la cave de la cour de Passay".

C'est ce dernier terme qui rappelle fortement la description de 1647 de l'ancienne maison noble de Passay composée d'une grande cave, salle et cuisine au dessus.

Le paiement d'une rente fonçière au seigneur de la Noé de Passay par certains propriétaires de Passay ne serait-il pas la preuve que leur maison ou leur terrain étaient sur l'emplacement de l'ancienne dépendance noble de Passay ?

Fraslin, quant à lui, rapporte dans son Histoire de La Chevrolière :

Un hôpital sous le vocable de St Antoine situé au village de Passay avait été fondé par les seigneurs de la Noë de Passay, présentateurs du bénéfice.
[...] Les maisons des Caves sont les logements de ce bénéfice.

Toutefois, nous ne trouvons pas la mention de cet hôpital dans le descriptif de la seigneurie de La Noé de Passay lors de sa vente en 1647 et en 1660.
Et nous ne la retrouvons pas non plus dans les fermes passées par les titulaires successifs de la chapellenie de Saint Antoine.



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Jeanne Fougère

Jeanne est une enfant trouvée :
  "... exposée sur de la fougère près du portail du château de la Freudière ...".
Baptisée par le vicaire Anselme Vanden Bosche le 4 juin 1727, elle est confiée à Renée Landais, femme de Pierre Menanteau, nourrice demeurant au village de La Michellerie.
Acte du baptême

Les deux fabriqueurs René Lemerle et René Drosnet sont présents à la cérémonie. En effet, selon les coutumes de Bretagne, l'enfant abandonné est à la charge du général (58) :

Coutumes de Bretagne, avec les commentaires et observations pour l'intelligence, le véritable sens & l'usage des articles obscurs par maître Michel Sauvageau. Tome 1 page 174 sur Gallica.bnf.fr Et si on ne sait sur qui faire pourvoir les enfants, comme s'ils avaient été jetés et exposés, les gens de la paroisse où ils sont trouvés, leur doivent faire prévoyance par les trésoriers et fabriqueurs d'icelle ; et y doivent être contraints par Justice.


Deux ans plus tard, le 23 octobre 1729, à l'issue de la grande messe dominicale,  le peuple sortant d’ouïr et d'entendre le divin service, Marc Clouet et Gilles Prou, fabriqueurs de la paroisse, sont sommés par les notaires Biret et Mongin de prendre en charge la nourriture et l'entretien de Jeanne Fougère.

Manifestement, ils n'ont pas assuré leurs devoirs. Les anciens fabriqueurs Marc Clouet et Gilles Prou ont requis les notaires pour leur rappeler leurs obligations.
Ce qu'ils accepteront.
Les notaires rédigeront un acte de la sommation dont une copie sera remise à Gilles Prou.
Acte de sommation

Jeanne décédera à 3 ans "chez françois breliaire un des fabriqueurs en charge où elle était a la norice".
Acte d'inhumation

L'identité des parents de Jeanne n'est pas connue.

Son abandon devant les grilles du château de La Freudière, l’usage de la particule dans l'acte des notaires "janne de la fougere" et surtout le titre donné à l'acte "Sommation faite à la requête des anciens fabriqueurs de la Chevroliere aux entrants de se charger d'un bâtard" ne laissent aucun doute sur l'identité du père.
Il s'agit d'un seigneur de La Grue.

Une soixantaine d'années plus tard, en avril 1789, l'article 3 du cahier des doléances de La Chevrolière sera rédigé ainsi : (59)

Nous demandons que s'il se trouve des enfants illégitimes dans notre dite paroisse, et délaissés de la famille de qui ils devraient appartenir, ils seront remis à la charge du seigneur héréditaire de la susdite paroisse ...

Cahier de doléances de la paroisse de La Chevrolière


Complément

Jeanne n'est pas la seule enfant trouvée notée dans les registres de La Chevrolière.

Marie a été trouvée le 26 février 1767 :
"... exposée à l'entrée de la cour où demeure Jean Lhomelet proche le cimetière, lequel nous a été présenté à baptiser par Marie Bru veuve d'Yves Cormerais et a été nomée Marie par Jean Beilvers et Marie Janeau parrain et marraine lesquels ont déclaré ignorer à qui pouvait appartenir cette fille ... ".

Elle décédera agée de deux mois :
"Le 26 avril 1767 a été inhumé le corps de Marie fille illégitime dont le baptême est rapporté le  26 fevrier dernier présent Jullien Bretain et Pierre Boutin qui déclarent ne savoir signer de ce requis".




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