Capitaine Pierre Baugin
A priori, Pierre Baugin ne semblait pas être destiné à devenir marin si ce n'est le lieu où il a vécu, la rue Bignon Létard près des quais du Port au vin et de La Fosse (30) et le destin.
Son grand-père Lubin était un peintre renommé (31) et son père, Jean Baptiste, un orfèvre (32).
Il a 12 ans lorsque son père décède et l'année suivante, sa sœur aînée, Jeanne, se marie avec un chirurgien des vaisseaux du roi, Germain Baugin.
Le couple va vivre chez la belle-mère, rue du Bignon Létard.
Devenu le chef de famille (grande famille, Jeanne a 9 frères et sœurs), Germain a dû influencer les choix professionnels de ses jeunes beaux-frères.
Jean, le fils aîné reprenant le métier de son père, Pierre sera inscrit maritime à la paroisse de St Nicolas.
Il n'est pas le seul de la fratrie à prendre la mer.
Louis, son cadet de 2 ans, terminera officier de vaisseau. Quant à Marguerite, sa cadette de 6 ans, elle se mariera avec Charles Vimon, capitaine de navire originaire du Havre.
Germain Baugin, l'aîné fils de Germain et de Jeanne Baugin, sera nommé capitaine le 9 janvier 1748. Il décédera à Nantes 2 mois plus tard.
Il avait notamment été mousse sous les ordres de son oncle, Pierre Baugin, sur le Mercure (traite sur la côte de Guinée de septembre 1735 à mai 1737).
Louis Baugin, le fils cadet de Germain et de Jeanne Baugin, lui, sera reçu capitaine le 14 avril 1754 et dispensé d'une campagne due au Roi.
Jean Mettas lui décompte 3 traites négrières en tant que capitaine sur :
- Les Jeunes Cousins de juin 1755 à septembre 1756,
- L'Union de février 1764 à février 1766,
- La Corisante de mars 1769 à septembre 1770.
On lui doit plusieurs cartes des côtes africaines et de Guyane (Cayenne) "par M. Baugin Capitaine de Navire de Nantes qui a fait la traite des noirs pendant 25 à 30 ans"
(33).
Les fiches d'inscrit maritime de Pierre Baugin nous renseignent sur son parcours.
Avant d'être nommé capitaine, il a fait ses classes comme matelot, apprenti pilote ("pilotin") et second.
Il a effectué des droitures entre Nantes et Saint Domingue et des triangulaires entre Nantes, les côtes de Guinée et Saint Domingue.
Tout d'abord, 2 cartes d'époque (ou presque) pour situer les différents rivages fréquentés par Baugin.
- La côte de Guinée : Petit Popo, Grand Popo, Juda et ses 2 forts anglais et français (fort St Louis), Jacquin.
- L'Ile de Saint Domingue : Léogame, Cap Français, le débouquement des Caïques, l'atoll des Hogsties, Inague.
Suite de la coste de Guinée depuis la rivière de Volta jusqu'à Jakin où sont les royaumes de Koto, de Popo, de Whidah ou Juda et d'Ardra de Jean Barbot.
- source : gallica.bnf.fr -
Carte de l'isle de Saint Domigue avec partie des isles voisine par le Sr D'Anville.
- source : gallica.bnf.fr -
Les dangers sont nombreux.
Il y a ceux de la mer avec ses tempêtes qui démâtent les navires, font rompre les amarres, poussent au naufrage.
Les maladies qui atteignent l'équipage dont l'organisme est affaibli par les longues traversées
(40 jours pour une transatlantique, 130 jours pour descendre à la côte de Guinée) et par le climat des tropiques
où les séjours sont longs (3 à 5 mois pour acheter et recharger le navire à St Domingue, jusqu'à 6 mois sur la côte africaine pour effectuer la traite.
La mortalité parmi l'équipage est élevée (de 18 à 40 % pour les traites effectuées par le capitaine Baugin).
Pierre Baugin a connu tout cela.
Entre son premier embarquement en tant que capitaine et sa mort,
il a passé, durant les 15 années, la moitié du temps en service (2 532 jours ~ 7 ans) dont la moitié en mer (1 168 jours).
Les Forbans
A la même période, les forbans sévissent aux Caraïbes et ailleurs.
Kevin Porcher, dans son article "La piraterie et l’exercice de la violence dans l’espace atlantique (1713-1730)", indique (34) :
Entre 1702 et 1713, 34 % des navires nantais se rendant dans les Antilles sont pris et rançonnés par des flibustiers ou des corsaires (soit 142 navires) ; 16 % sont également attaqués sans être pris.
En revanche, durant les dix années suivantes – une fois la paix revenue –, entre 1714 et 1724, 10 % seulement des navires nantais se rendant dans les Antilles (en droiture ou via les côtes africaines) sont pris et pillés par des pirates (soit 53 navires) ; 5 % sont attaqués sans être pris.
Pour s'en prémunir, les navires marchands sont équipés de quelques canons et il n'est pas rare de compter, parmi l'équipage, un canonnier ou un armurier.
Ce n'est pas toujours suffisant, surtout quand l'équipage refuse de se défendre comme cela s'est passé pour la prise par les forbans du navire Saint Michel de Nantes commandé par Jean Dubois (35).
Le mercredi 20 octobre (1717) sur les dix heures du matin étant à cinq, six lieues dans le nord est de La Grange sa découverte (vigie) l'avertit qu'il avait deux bateaux au large qui chassaient sur lui.
Il fit préparer son équipage et ses passagers, qui étaient au nombre de 28, à se défendre.
Les deux bateaux étant à la portée du canon, celui qui paraissait le plus gros mit pavillon anglais et tira un coup de canon à balle ce qui l'obligea à mettre son pavillon français.
Aussitôt les deux bateaux forbans amenèrent leur pavillon anglais et hissèrent un pavillon noir avec une figure de mort tenant d'une main un dard et de l'autre un sablier au haut de leur grand mât avec un autre pavillon de la même couleur ayant une figure d'homme qui en tient un autre sous ses pieds qui lui traverse la gorge.
Le gros bateau forban approchant lui envoya sept à huit volées de canon.
Se voyant à bonne portée, il aurait voulu faire tirer deux coups de canons du derrière de son navire pour lui présenter son côté ayant pour cet effet fait ferrer les perroquets et carguer la grand voile.
A quoi la plus grande partie de ses passagers et le sieur de Lisle Ribauld, passager, lui dirent qu'il ne fallait point se battre avec ces sortes de gens et que, s'il avait tiré un seul coup de canon, tout son équipage aurait été massacré, que les forbans ne cherchaient qu'à piller quelques vivres et autres discours de pareilles sortes que le sieur de Lisle avait déjà tenu aux vous (uns) et aux autres.
Ce qui fit que la moitié de son équipage fut du parti des passagers, en conséquence il fut hors d'état de se défendre comme il espérait et contraint d'amener son pavillon.
On retrouve cette même description du pavillon noir des pirates dans une gravure faite lorsque le forban Jean (Thomas) Dulin, ayant sévi dans les Antilles et bénéficiant de l'amnistie royale, revient à Nantes en 1729 (36).
Quelquefois, les navires marchands se regroupent en convoi sous la protection d'un puissant vaisseau pour s'éloigner des îles et rejoindre l'océan Atlantique où son immensité rend les mauvaises rencontres improbables.
L’escorte par le vaisseau Le St Jean de St Malo armé de 30 canons et de 160 hommes d’équipage, commandé par le sieur de Brache, semble bien être une duperie pour le St Nicolas de Nantes commandé par Jean Dupin.
Voici l'extrait de sa déclaration qu'il fit le 17 novembre 1717 à l'amirauté de Nantes (37).
Le sieur de Brache lui ordonna d'attendre jusqu'au 14 septembre afin qu'il put escorter hors du boucquement avec 4 autres navires vaisseaux marchands qui se trouvaient prêts à partir comme lui, La Petite Bretagne et La Marie Anne de Nantes et L'Espérance de la Rochelle et un autre vaisseau de Bordeaux.
Qu'étant sorti du Cap le 13 sous l'escorte de Brache et avec ses ordres et signaux pour le suivre comme il avait promis ayant payé pour sa quote part la somme de 356 £ de l'armement de Brache.
Lequel n'escorta les vaisseaux marchands le 15 septembre que de 8 heures du matin à 5 heures du soir.
Il pouvait être à environ dix lieues de la terre Saint Domingue. La nuit du 15 ou 16 étant survenue le sieur de Brache affecta de faire fausse route et abandonna les vaisseaux marchands qui se trouvèrent fort surpris le matin du 16 de ne plus voir leur escorte qui les avait abandonné la nuit précédente.
Nonobstant le déclarant en compagnie des deux autres vaisseaux de cette rivière continuèrent leur route le 16. Et le 17 les vaisseaux de la Rochelle et de Bordeaux ayant quitté le déclarant et les deux autres vaisseaux de ce port.
Il continua sa route en leur compagnie jusqu'au 19 où il fut attaqué par deux vaisseaux forbans dont un était équipé de 40 hommes et l'autre de 50 contre lesquels l'équipage du déclarant ne voulut se mettre en défense quelques commandements prières et promesses de récompense le déclarant leur put faire.
A quoi ils refusèrent de prendre aucunes armes pour se défendre, et enfin l'un des bateaux forbans étant venu à la portée du pistolet du vaisseau une grande partie de ses matelots mirent sa chaloupe à la mer et s'y embarquèrent et furent abord du bateau forban qui renvoya sa chaloupe remplie de 10 forbans armés de sabres et de pistolets à la main.
Lesquels montèrent dans son vaisseau le saisir, et le firent embarquer dans la chaloupe avec le reste de son équipage et le menèrent abord du bateau forban qui fit route pour les Caicques.
Les rapports de mer faits par les capitaines sont très stérotypés. Ils se terminent par la phrase :
... a présenté la décharge des engagés et des fusils boucanniers.
Il ne s'agit pas de militaires avec leurs armes embarqués pour se prémunir des mauvaises rencontres mais d'une obligation.
Les navires marchands allant dans les colonies d'Amérique devaient transporter et déposer des hommes et des fusils. Leur nombre dépendait du tonnage du navire.
- inférieur à 60 tonneaux : 3 engagés,
- de 60 à 100 tonneaux : 4 engagés,
- plus de 100 tonneaux : 6 engagés.
Les engagés devaient être âgés entre 18 et 40 ans, mesurer au moins 4 pieds (1,30 m.), s'engager à travailler dans les colonies au moins pendant trois ans.(38).
Les engagés sachant certains métiers comptaient pour deux.
Les capitaines recevaient un certificat de remise (une décharge) et le présentaient à leur retour en France.
On pouvait aussi payer une indemnité au trésorier de la marine afin d'en être dispensé (60 livres par engagé).
Périple du Capitaine
Pierre Baugin n'a pas eu ces mauvaises rencontres.
On doit aux rapports de mer déposés à l'amirauté de Nantes le détail des traversées (39).
Le Royal Louis
Ses deux premiers embarquements sur Le Royal Louis, navire de 150 tonneaux armé de 10 canons et une trentaine d'hommes d'équipage sous les ordres du capitaine Pierre Fouré, ne lui cachent rien sur les dégâts des tempêtes.
Le premier retour sur Nantes pendant l'hiver 1717/1718 est épique :
Pendant la traversée il (le capitaine) a beaucoup souffert du mauvais temps et plusieurs gros coups de mer ... ;
a perdu son grand mât de hune et ... ses 3 câbles et 3 ancres, ... sa chaloupe ...
son vaisseau est échoué sur les vases à Paimboeuf et en danger de couler bas.
Rapport de mer du 10 janvier 1718
Son départ de Nantes en janvier 1719 sur le navire du même nom est tout aussi catastrophique.
Il essuie une tempête à la sortie du golfe de Gascogne qui l'oblige à faire demi-tour :
Pendant cette tempête il a reçu plusieurs coups de mer, entre autres trois coups de mer qui l'ont couvert depuis l'arrière jusqu'au devant du navire ...
le mât de misaine tombant au vent a emporté un canon à la mer et il a perdu tous ses gréements.
Rapport de mer du 23 février 1719
Le vaisseau réparé effectuera le voyage d'avril 1719 à janvier 1720 ramenant sans incident la cargaison de sucre brut, indigo, caret (écailles de tortue) et cuirs.
Rapport de mer du 13 janvier 1720
Le Fidèle
Il effectue sa première traite, en tant que second du capitaine, Jean Peroneau, sur Le Fidèle de 150 tonneaux, armé de 8 canons, équipé de 44 hommes par Mr de Beaulieu Beloteau, marchand bourgeois.
Le Capitaine étant décédé en mer après la traite effectuée lors de la traversée vers St Domingue, Pierre Baugin assure le commandement du navire et effectue à son retour la déclaration à l'amirauté de Nantes le 22 août 1722.
Le voyage a duré 16 mois dont 42 jours d'escale pour la traite de 325 captifs sur la "coste d angolle de guinée" et 6 mois à St Domingue pour la vente des "negres au nombre de 244 le reste luy estant mort tant à sa traversée qu'à la coste " et pour l'achat et le chargement des marchandises.
8 marins sont morts, 3 ont déserté à St Domingue.
Rapport de mer du 12 août 1722
La Thérèse
Ses deux engagements suivants sont pour le compte de Jacques le Roy, négociant demeurant à la Fosse, paroisse de Saint Nicolas, sur La Thérèse de 260 tonneaux, armé de 12 canons et 48 hommes d'équipage.
Il s'agit de droiture avec St Dominque.
Le premier est presque sans incident : parti le 18 janvier 1723, de retour le 5 décembre, des traversées durant 2 mois et une relâche au retour pour s'abriter à Belle-île, où pour repartir :
... Voyant le temps favorable et craignant quelque accident il fut obligé de couper son câble de grosseur de 13 pouces et de longueur de 120 brasses qu'il a perdu à moitié avec son ancre de pesanteur d'environ 1200 livres.
... Arrivé a paimboeuf le jour d hier a l adresse du dit sieur le Roy avec tous les gens de son equipage à l'exception de Francois Douillard officier, Guillaume Lebelle canonnier qui ont déserté ...
Rapport de mer du 6 décembre 1723
Le second commence mal et se termine par la perte du navire.
Parti le 24 avril 1725, une tempête dans le golfe de Gascogne l'oblige à faire demi-tour pour réparer une voie d'eau à La Rochelle (il laisse un marin malade à l’hôpital).
Il en repart le 15 mai et arrive au Cap Français le 4 juillet.
Il y décharge ses marchandises, recharge du sucre de l'indigo, des cuirs à poil et part le 13 novembre 1725 en compagnie de La Petite Bretagne de Nantes.
Ils se tiennent compagnie jusqu'au 19 puis ayant tourné dans le débouquement des Caiques où il a louvoyé bord sur bord pour débouquer entre la Grande Caique et Moganne, qui est le meilleur débouquement.
Et, le soir du 27, il a le malheur d'échouer sur un haut fond situé dans le nord-nord-est d'Ignague distant d'environ 12 lieues.
Peut-être l'atoll corallien Hogsty Reef ou les îlots Plana Caya nommés sur la carte les hogsties, les îles plates.
Ils restent 17 jours sur l’îlet mettant à terre une faible partie de la cargaison avant d'apercevoir les voiles d'un bateau anglais.
Son capitaine, Edward Kirby, profitant de la situation, exige 300 livres sterling pour les rapatrier à St Domingue avec les effets qu'ils ont sauvés.
A Leogane, son équipage intente et gagne un procès afin d'être payé.
Il vend une partie des marchandises sauvées pour payer son équipage, le capitaine anglais, les frais de justice, et son retour sur L'Aimable Renotte avec 3 membres de son équipage et le reste de l'indigo sauvé.
Il part le 7 février 1726 et touche terre à Brest le 8 avril et fait la déclaration à Nantes de la perte du navire la Thérèse le 9 mai 1726.
Sa déclaration est confirmée très sincère et véritable par 3 membres de son équipage le 17 mai.
Déclaration de Jacques Le Roy armateur du 28 février 1726
Déclaration de Pierre Baugin de la perte de La Thérèse du du 9 mai 1726
Vérification de la perte de La Thérèse du 17 mai 1726
Le Mercure
Les quatre engagements suivants sont pour le compte du sieur le Ray de La Clartais négociant à la Fosse de Nantes y demeurant paroisse de St Nicolas, bourgeois et armateur
en tant que capitaine du Mercure de Nantes, du port d'environ 150 tonneaux, armé de 12 canons.
Le premier est une droiture avec St Domingue, à la belle saison, rapide et sans incident.
Parti avec 43 hommes d'équipage le 8 mars 1730, arrivé au Cap le 23 avril, il vend ses marchandises et
recharge en retour la quantité de 424 barriques 79 quarts de sucre brut, 31 barriques d'indigo 206 cuirs en poil et autres marchandises, tant à fret que pour le compte du navire.
Il quitte l'île le 15 juillet et arrive à Paimboeuf le 23 août.
Rapport de mer du 28 août 1730
Le deuxième est une traite qu'il enchaîne à la suite.
Le 28 décembre, il part avec un équipage renforcé de 55 hommes. Il démâte dès le premier jour et essuie plusieurs coups de vents qui donnent de l'eau dans la cale.
Ce n'est que le 19 février qu'il peut faire une inspection des vivres. Un tiers, étant pourri, est jeté à la mer.
Il arrive à Jacquin le 9 mars et commence la traite qui dure jusqu'au 9 juin. Elle comprend 400 captifs.
Pendant tout ce temps, le bateau est amarré à la côte, plusieurs coups de vent lui font perdre des ancres et des câbles d'amarrage.
Il fait relâche 5 jours à l'île de Prince pour faire des vivres et de l'eau et du bois.
Pendant la traversée vers les Antilles, le 3 septembre, il tient conseil avec ses officiers.
Dans la délibération qui fut faite entre lui dit déclarant et ses officiers, sur ce qu'il leur était mort quantité d'autres nègres de maladie et qui s’étaient jetés à la mer,
ils résolurent pour le bien et avantage des armateurs d'aller à La Martinique.
Arrivé à Fort Royal (Fort-de-France) le 11 septembre, il vend tous ses noirs à l’exception de 243 noirs tant morts que noyés pendant la traversée.
Et qu'il est mort pendant la vente le nombre de 36 autres noirs.
Après son chargement fini de sucre, cacao et autres marchandises permises, il appareille le 20 novembre et arrive à Paimboeuf le 4 février 1732 après avoir subi plusieurs tempêtes.
22 des 43 membres de l'équipage sont morts durant l'ensemble du péril.
Rapport de mer du 6 février 1732
Le troisième est aussi une traite.
Parti le 28 août 1732, traite de 515 captifs au Petit Popo du 19 novembre au 4 janvier 1733, relâche pour vivres à l'île au Prince du 21 janvier au 3 février 1733, nouvelle relâche de 3 jours à La Martinique pour y faire de nouveaux vivres et mettre à terre des gens de équipage du navire Laimable Renotte qui avait brûlé.
Arrivé au Cap Français le 1er mai, il vend tous les noirs de sa cargaison à l’exception de 16 morts tant pendant la traversée que le séjour qu'il a fait au même lieu du Cap.
Et, après son chargement fini, il appareille le 12 octobre pour arriver à Paimboeuf le 11 décembre 1733.
Et, dans sa traversée il aurait reçu quantité de coups de vents et de mers qu'il lui font craindre qu'il pourrait y avoir des marchandises de son chargement endommagées et avariées .
Des 55 membres de l'équipage 10 sont morts, 2 ont déserté au Cap.
Rapport de mer du 14 décembre 1733
La déclaration à l'amirauté de Nantes du capitaine est succincte sur la raison de sa relâche à la Martinique.
En fait, lorsque le Mercure arrive au Petit Popo, le navire de L'Aimable Renotte du capitaine Jean Baptiste de Couëtus, déjà présent, avait commencé sa traite.
Le 23 novembre, 353 captifs et une partie de l'équipage étant à bord, le feu prit à la cale du navire dans une pièce d'eau de vie par l'imprudence du tonnelier qui y était descendu avec une chandelle.
Le navire en proie des flammes finit par sauter.
Seuls 196 captifs sont sauvés.
Se trouvant à terre avec son équipage sans navire, le capitaine de Couëtus vend sur place ses captifs dont la majeure partie (173) au capitaine Baugin et lui achète le passage vers La Martinique pour lui et 29 membres de son équipage et 4 nègres provenant de sa pacotille dont il paye le passage 50 £ par tête.
Il laisse deux de ses officiers au fort St Louis de Juda.
Déposé à La Martinique par Pierre Baugin, il embarque sur La Minerve pour revenir à Nantes.
Où il dépose sa déclaration de perte du navire le 30 juin 1733.
Rapport de mer du 30 juin 1733
Le dernier engagement est aussi une traite.
Parti le 14 septembre 1735, il arrive le 11 novembre sur la côte de Guinée où il traite depuis la côte de la Mine jusqu'à Juda le nombre de 435 nègres négrittes et négrillons de tout âge.
Il part le 21 mai 1736, la traite a duré plus de 6 mois. Il a fait une relâche (plutôt longue : 37 jours) à l'île de Prince.
C'est sur cette île qu'il décède le 7 juillet 1736.
Jean Abraham, son second, prend le commandement du navire et arrive au Cap le 26 octobre.
Depuis le commencement de la traite en Guinée jusqu'à la fin de la vente et négociation … (il est) mort le nombre de 140 nègres.
Après le chargement de sucre, d'indigo et de cacao, il appareille pour Nantes où, le 28 mai 1737, il fait la déclaration de son rapport de mer auprès du greffe de l'amirauté.
18 membres de l'équipage sur 53 sont morts.
Rapport de mer du 28 mai 1737
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