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Le logis de Tréjet

Jean Baptiste Vassal

Monsieur Vassal apparaît dans le registre des délibérations du conseil municipal de La Chevrolière, au jour du 3 prairial an 12 (23 mai 1804).
Pierre Béranger, le maire, y recopie soigneusement la déclaration remise par Jean Baptiste Vassal, pour lui et ses consorts propriétaires de Trejet, sur le caractère privatif et réservé aux seuls habitants du village, des landes de Tréjet et du marais d’Herbonne.
Le 8, le maire recopiera une revendication similaire pour  le canton de lande appelée le gottas par les habitants du Bourg, de Passay, de La Redollerie et de Laudouet, faite le 7 prairial sous les seings de ceux qui le sçavent faire et répondent pour les autres (1).

Ce n’est pas la première fois que les habitants requéraient pour le marais et les landes de Tréjet.
Déjà, en 1788, ils avaient chargé René Orieux et Pierre Padiou pour mander leurs droits à l’instar de Monsieur le chanoine de Melient qui, nommé procureur par les habitants de Pont-Saint-Martin, avait valorisé les marais d’Herbonne situés sur leur paroisse (2).

Jean Baptiste Vassal et sa femme Marie Claire Minée sont, en 1804, les propriétaires des terres de la maison de Tréjet.
Ils les ont achetées à Mademoiselle Françoise Elisabeth de Cornulier et à Madame Courson Catherine Gouin de la Forgerie en 1788(3).

Respectivement, leur grand mère et leur grand père étaient la sœur et le frère de Margueritte Gouin, la seconde femme de François de Bradasne, le dernier propriétaire habitant les lieux. liens de parenté entre de Bradasne Gouin et de Cornulier

Liens de parenté entre Françoise de Cornulier, Catherine Gouin et François de Bradasne.


Le domaine comprend :

- la maison principale (maison de maître), ménagerie, pressoir, cellier, jardin, vigne, pré, terres labourables, taille en chênes et châtaigniers, logement des métayers, four, grange et autres logements de la métairie, jardin d’icelle,

- le droit de dîme au treize sur le canton de Tréjet partageable par moitié avec le recteur de la paroisse,

- le droit de terrage,

- la rente foncière de 100 livres due sur le moulin de Tréget son distroit, et la pièce nommée brise charrette, arrentés à François Biton farinier et Margueritte L’homelet (4).

Il est dû les rentes foncières annuelles de 22 livres 7 sous 9 deniers à l’église collégiale de Nantes et 12 livres à l’abbaye de Geneston.

Lors de l’achat, les fermiers sont pour la maison et ses terres Gabriel Padiou, pour la métairie Pierre Guillebaud et Julien Corbeau (5).

Jean Baptiste Vassal est commissaire aux classes de la marine à Nantes.
Il est originaire de Brest où son père François Vassal exerçait la même fonction, tout comme son grand-père Jean Baptiste, écrivain du roy au port de Brest, originaire de Toulon.

C’est un officier, officier de plume, qui porte l’uniforme.

Ordonnance du roi portant établissement de commissaires et de syndics des classes du 27 septembre 1776

Ordonnances du roi du 27 septembre 1776 concernant la régie et administration générale et particulière des ports et arsenaux de marine.


Il a 2 frères aînés :

Charles aussi commissaire, plus exactement commissaire des colonies, il décédera en 1802 laissant en Haïti une maison et une caféterie.

Jean François, lieutenant des vaisseaux du roy et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, décédé le 2 juin 1794 (6).

Il a été nommé à Nantes, peut-être en début de l’année 1780, puisque, à partir de cette date (mars 1780), il vise les déclarations de rôles des équipages des navires de cette ville (7).

Il exerce au bureau de la marine situé au n° 1 rue Duguesclin de l’île Feydeau.

L’intitulé de sa fonction évolue :

- commissaire aux classes jusqu’en juin 1792,

- sous chef d’administration 17 novembre 1792,

- sous chef des classes de la marine 5 août 1793,

- commissaire de marine chargé de l’inscription maritime et armement 23 fructidor an 4 (9 sept. 1796),

- commissaire de marine préposé au détail de l’inscription maritime et armement 14 prairial an 8 (3 juin 1800) et 9 vendémiaire an 9 (1 oct 1800).

Archives Départementales de Loire Atlantique (AD44) en ligne- Rôles de bord
Archives Départementales de Loire Atlantique (AD44) en ligne- Rôles de bord
Archives Départementales de Loire Atlantique (AD44) en ligne- Rôles de bord
Archives Départementales de Loire Atlantique (AD44) en ligne- Rôles de bord
Archives Départementales de Loire Atlantique (AD44) en ligne- Rôles de bord

Rôles de bord - Archives départementales de Loire-Atlantique en ligne.



Il n’arrive pas en terre inconnue.
Sa nomination à Nantes doit certainement beaucoup à son oncle maternel, Jean Marie Lampouniant de Chavigny, qui a occupé à Nantes le poste de commissaire aux classes de la marine et de trésorier aux invalides de la marine jusqu’à son décès le 27 mars 1778.

Jean Marie Lampouniant de Chavigny, il signe Chavigny, s’était marié à Brest avec Marie Gabrielle Gaultier, sœur de Louise, la mère de Jean Baptiste Vassal.
Ils eurent une fille, Marie Séraphique, née au Croisic en 1743 où M. Chavigny exerçait à ses débuts comme commissaire aux classes.

Marie Séraphique Chavigny, elle aussi décédée en 1778, était l’épouse de Barthélémy Jacques Gruel, négociant et armateur nantais (8).

Elle nous est surtout connue à travers les aquarelles du navire négrier baptisé à son prénom par son mari où sont représentés les esclaves entassés dans l’entrepont du brick.

wikipedia.org_Plan_profil_et_distribution_du_navire_La_Marie_Séraphique_de_Nantes

Plan de profil et distribution du navire La Séraphique de Nantes - wikipedia.org.


Les 2 sœurs de Jean Baptiste, Françoise et Marie Guillemette, s’installeront aussi à Nantes.
Célibataires, elles y décéderont en leur demeure rue Félix en juin 1812 et avril 1819.


Jean Baptiste Vassal avait épousé le 3 février 1783, à 40 ans, Claire Marguerite Minée, 28 ans, fille du 3e mariage de Julien Minée(9), chirurgien.

Claire est née le 24 août 1755, baptisée le lendemain à St Vincent de Nantes.
Son parrain est Julien, son demi-frère.

AD44_Nantes_St_Clement 3 fevrier 1783

Acte du mariage Vassal-Minée du 3 février 1783.
(AD44 en ligne - Nantes St Clément)


On reconnaît parmi les signatures de l’acte de mariage à Saint Clément (10):
- Claire Margueritte Minée (la mariée),
- Jean Baptiste René Vassal de Kerioual (le marié qui essaye la particule),
- Coustard de Massi, - Barthélemy Jacques Gruel,
- Marie Gabrielle Gaultier, veuve Chavigny,
- Renée Brée veuve Lenoir (la mère de Françoise Lenoir),
- Ursule Marchand et son mari Anne Pierre Coustard de Massy,
- Françoise Lenoir et son mari Antoine Marcorelle (négociant à la Fosse).



Au moment de l’achat du logis de Tréjet, ils ont deux filles :
Claire (née le 27 juin 1785) dont le parrain, son oncle, Jean François Vassal absent est représenté par Barthélémy Gruel.
Marie Julienne (ondoyée le 31 mars 1788). Le parrain à son baptême, le 11 juin 1791, Julien Minée, l’oncle de l’enfant et parrain de la mère, sera le premier évêque constitutionnel de Nantes.

Suivront Jean Baptiste (28 juillet 1790), parrain Monsieur Antoine Marcorelles parent par alliance de l'enfant, marraine demoiselle Marie Gruel nièce bretonne du père de l'enfant
et Virginie Marie (15 août 1792), parrain Jean Jacques Gruel, capitaine de navire, fils de Barthélémy Jacques Gruel.

Ils habitent vis à vis le cours des états, c.-à-d. en face du Cours Saint Pierre, et, en 1791, au n° 13 rue Félix (11).

Après la prise de possession du domaine acheté (mars 1789), M. Vassal lance des travaux d’aménagement d’un parc aux abords de la demeure : tracé de plusieurs allées avec plantation de fruitiers, création d’un plan d’eau rectangulaire.

Extrait du bail de ferme passé par M. Vassal à Gabriel Padiou (12).

Néanmoins sous les exceptions et réserves qui suivent ne feront point partie des objets compris au présent bail, et sont au contraire, exceptés et réservés par le bailleur.
- 1° Le canton de terre situé au bout de l’avenue, ci-devant en verger, et qu’il vient de faire planter en ormeaux.
- 2° Un autre canton de terre, au coin du jardin de la métairie et de l’autre côté du premier, chemin entre deux de même grandeur que celui ci-dessus au moyen de ce qu’il prendre dans la prairie le terrain nécessaire pour le rendre parallèle au premier, lesquels deux cantons de terre il sera tenu de faire clore de fossés les arbres qu’il a fait et fera planter sur iceux défensable aux bestiaux.
- 3° L’allée qu’il a fait faire, qui conduit à la pièce d’eau, ladite allée plantée en pruniers et cerisiers.
- 4° Une seconde allée plantée en poirier qui descend de la pièce d’eau à rendre au fossé du Chatelier
- 5° Trois autres allées qui ne sont pas encore faite mais seulement plantées d’arbres fruitiers, savoir, celle parallèle à la première qui conduit qui conduit à la pièce d’eau, une seconde qui traverse la pièce de terre labourable jusqu’au fossé de la pièce du Coin de l’ouche, et la troisième qui conduit de la maison au Chatellier, ainsi que tous les fruits des arbres des dites allées, foins et herbes d’icelles.
- 6° La pièce d’eau qu’il a fait faire dans la prairie et le poison d’icelle.
- 7° Enfin, s’il juge à propos de bâtir pour se loger, le terrain qui sera nécessaire pour faire tant sa maison et ménagerie, que son jardin ; lequel terrain il prendra dans le clos de vigne et à l’entrée d’icelui, du côté de la cour et des logements actuels.

Si le cadastre de 1844 montre encore le parc avec ses allées et l’étang rectangulaire, sur sa mise à jour de 1948, il ne reste plus que la grande avenue allant à la rivière et l’étang.

Plans d'après la planche B9 des cadastres de La Chevrolière de 1844 et de 1948.
(AD44 en ligne - Cadastre de La Chevroliere)

En effet, le parc fut remanié lors la construction en 1890 du manoir que nous connaissons actuellement et la démolition de l’ancienne maison de maître et de ses annexes.

Par des échanges de terres et des achats, M. Vassal a uniformisé le domaine en un seul tenant.
Commencés en 1790, interrompus par les événements de Vendée, ils reprendront en 1797 :

- 7 novembre 1790. Échange fait entre le Sieur Vassal et dame Vassal commissaire de la marine et Jean Blineau et femme et autres.

- 4 germinal an 5 (24 mars 1797). Vente par Hervé, son fils et sa fille au citoyen Vassal.

- 4 germinal en 5. Vente Julien Cormerais et femme au citoyen Vassal.

- 26 prairial an 5 (14 juin 1797). Vente par la Vve Bachelier au citoyen Vassal.

- 19 thermidor an 5 (31 juillet 1797). Échange entre le citoyen Vassal et Corbeau et femme.

- 6 germinal an 6 (26 mars 1798). Échange entre le commissaire Vassal et François Quillaud.

- 25 germinal an 7 (14 avril 1799). Vente par Pierre Hervé père, Jeanne Hervé sa fille demeurant commune de La Chevrollière et Pierre Hervé fils demeurant commune de St Philbert de Grand Lieu au citoyen Vassal demeurant à Nantes rue Félix de morceau de terre en la commune de la Chevrollière moyennant 200 F.

- 7 Floréal an 7 (26 avril 1799). Échange entre le citoyen Jean Baptiste Vassal demeurant à Nantes rue Félix et le citoyen Jean Coêlier agriculteur demeurant commune de St Philbert de Grand Lieu de terrains évalués à la somme de 15 francs.

- 15 floréal an 7 (4 mai 1799). Échange entre le citoyen Jean Baptiste Vassal et le citoyen Pierre Quillaud agriculteur demeurant commune de La Chevrollière de terrain évalué à 15 F.

- 5 fructidor an 8 (23 août 1800). Vente par le citoyen Vaillant et son épouse au citoyen Vassal pour 450 F.


Entre temps lui, le commissaire de marine préposé au détail de l’inscription marine et armement, fera passer cette annonce énigmatique relative au recrutement à bord des bâtiments de guerre d'instituteurs (instructeurs ?).

AD44 en ligne - Presse - Feuille nantaise du 8 mai 1795

Feuille nantaise du 8 mai 1795.


En 1802, il est pensionné "ex-commissaire de Marine" lorsqu’il donne procuration avec ses sœurs, Françoise et Marie Guillemette, au citoyen Guenveur habitant au môle Saint Nicolas pour éliger la succession du feu Charles Vassal son frère commissaire de Marine au môle St Nicolas(13).

En 1804 et 1805, on retrouve dans les registres de La Chevrolière, Jean Baptiste Vassal, le fils, présent et signant à la déclaration de naissance de Julie Guilet fille d'André et Sophie Clouet (11 prairial an 12) et de Sophie Coeslier fille de Mathurin et Marie Doré (28 fructidor an 13), les 2 couples respectivement fermier au Logis de Trejet et à la métairie de Trejet.
L'âge de Jean Baptiste dans les déclarations est erroné "rentier âgé de 21 ans" et "rentier âgé de 25 ans", il n'a que 14 et 15 ans.

Sa fille Marie Julienne épouse Augustin Aimé de la Rochefoucauld Bayers le 20 septembre 1813. Le couple demeure les premières années rue Félix, leurs enfants y naissent.
Ils séjournent au manoir de Bayers (proche de La Lardière), commune de Saint Jean de Corcoué (14).

Au Mans, son fils Jean-Baptiste se marie le 22 novembre 1819 avec Marie Caroline Orry(15).

Le 22 novembre 1822, Jean Baptiste Vassal, époux Claire Minée, décède dans sa demeure rue Félix.

Sa dernière fille Virgnie épouse à Nantes Henry Arnous le 25 janvier 1823.
"Henri Arnous, capitaine de long cours demeurant rue Félix numéro 11 à Nantes" est présent et témoin le 24 septembre 1824 à La Chevrolière au double mariage des enfants de Mathurin Coeslier et Marie Doré, Jeanne et Jacques.

Pour la petite histoire, la duchesse de Berry dans son périple clandestin de Marseille à Nantes est passée par le Logis de Trejet début juin 1832(16).

Claire Minée décède à 84 ans, au n°12 rue Félix, le 15 mars 1840.



Victor-Ambroise Lanjuinais

Quelque temps après le décès de leurs parents, le 20 octobre 1843, les enfants de Jean Baptiste Vassal vendront la propriété à M. Victor-Ambroise Lanjuinais, membre de la chambre des députés demeurant au 28 rue Godot Mauroy à Paris (17) :


AD44 cote 6U701 - Edouard Pierre Mongin

Vente Vassal, par Marie Juliette, Vve de Auguste Aimé de la Rochefoucauld Bayers, Henri Paul Pascal Arnous du grand clos & Virginie Marie Vassal son épouse demeurant à Nantes & M. Jean Baptiste Vassal demeurant à la commune de Ste Croix, avenue de Paris, Sarthe, à M. Victor Ambroise Lanjuinais député, demeurant à Paris, de la terre de Trejet & dépendances sises commune de La Chevrolière pour 120 000 francs.

La désignation des biens vendus est ainsi :

La terre de Trejet et toutes ses dépendances consistant en une petite maison et deux métairies exploitées à titre verbal par les nommés Guillet et Coélier ;
le tout de la contenance totale de 96 hectares 5 ares, dont 89 hectares 4 ares en terres labourables, prés, vigne, bois, taillis, avenue, marais, pâtures, jardins et pièce d’eau et 6 hectares 71 ares de marais dans les marais d’arbelles (herbonnes).

Font aussi partie de la vente :
1° Une rente foncière de 60 francs due par les sieurs Pierre Biton, François Biton et le nommé Sarget (Surget), tous les trois meuniers, demeurant à Sablon (Fablou), commune de La Chevrolière par suite de l’arrentement du moulin de Trejet.
2° Les droits aux communs qui peuvent dépendre de la propriété vendue.

M. Lanjauinais est le député du 3e collège électoral de la Loire-Inférieure (Pont-Rousseau, Nantes extra-muros) depuis le 20 février 1838 (réélu en 1839, 42, 46, battu en 49).

Lui aussi complétera le domaine en achetant des terrains dans le Chatelier et la Coudrais.

Avec M. de Bellisle, ils contribueront à parts égales à la création et calibrage de la douve séparant leurs prés-marais (l’actuel ruisseau des Calmines).

En 1844 le cadastre de La Chevrolière est finalisé. Les parcelles appartenant à Monsieur Lanjuinais sont listées.

Propriété de M. Lanjuinais.

AD44 - Cadastre de La Chevrolière 1844- Logis de Trejet

Nom des parcelles environnantes le Logis de Trejet



Louis Taupier

En 1857, M. Lanjuinais vendra la propriété à M. Louis Taupier, négociant, et à dame Victorine Mars, son épouse, demeurant à Pont-Rousseau, commune de Rezé(18).

A cet achat, un descriptif de la petite maison et de ses dépendances est joint :

Rez-de-chaussée
- une grande salle à manger (table pour 18 personnes),
- un salon de compagnie (2 canapés, 4 fauteuils et 4 chaises en acajou façon Louis XV),
- un office de rangement (bassinoire et baignoire avec son cylindre en cuivre),
- une cuisine (table et chaises, buffet, four de campagne),
- une chambre de domestique.

1er étage
- un cabinet de travail (secrétaire, bibliothèque, table et fauteuil),
- 3 chambres à coucher,
- une chambre de domestique,
- une chambre adjacente.

Dépendances
- Écurie,
- Remise,
- Grenier,
- Jardinier.

(puits dans le jardin – pas de latrines)

Louis Taupier et Victorine Mars se sont mariés à Nantes en 1828.
Lui, originaire de Fontenay-le Comte, y est noté propriétaire. Elle, nantaise, est fille de Victor Mars, grenetier (grainetier), et de Marie Jeanne Alleton.
Pierre Paul Bruzon, beau-frère de Louis Taupier, est témoin à la cérémonie.
(Pierre Paul Bruzon a épousé l'année précédente Marie Joséphine Pérochain qui est la demi-sœur de Louis Taupier)

Le couple demeure à Pont-Rousseau.

En 1835 au décès de Paul Mars à Rezé, le frère de Victorine, il est noté :

Paul, âgé de 23 ans et demi, né à Nantes, fils de Victor Mars, fabricant d'huile, et de dame Perrine Alleton, est décédé dans la demeure de Louis Taupier, beau-frère, fabricant d'huile sur la chaussée de Pont-Rousseau.

Fin décembre 1840, Louis Taupier est nommé par le préfet adjoint à la mairie de Rezé, en même temps que le maire M. Girard.

Il est membre depuis 1852 de la société nantaise d’Horticulture.

En juin 1860, le couple acquiert la maison à l’angle de la rue du Calvaire et la rue du Chapeau Rouge,
et en mai 1866, le n° 10 de la rue du Calvaire.
Cette dernière sera leur demeure nantaise.

Ils ont, à La Chevrolière, lancé les travaux de démolition de la maison de maître et de construction du nouveau logis tel qu’on le connaît aujourd’hui (achevé en 1868, imposé en 1871).

Superposition batiment cadastre 1844

Plan de superpostion de l'ancien et le nouveau Logis de Tréjet

Ils ont un fils Ernest né en 1829, marié en 1862 avec Marie Yvenou.

Victorine décède dans sa demeure du 10 rue du Calvaire en février 1868, leur fils Ernest en 1873.

En 1874, Louis Taupier est témoin au mariage de son neveu Octave Louis Paul Bruzon avec Marie Thérèse Forgerit aux Moutiers-sur-le-Lay.

Il s’éteint le 9 mai 1879 à Nantes.



Octave Bruzon

Les biens, le Logis de Trejet, les immeubles de la rue du Calvaire, restent dans la famille.

Ils sont repris par son neveu.
Comme son oncle, Octave Bruzon est membre de la société nantaise d’Horticulture (admission en juin 1879).

En 1881, Octave Bruzon et sa femme Marie Forgerit demeurent à Nantes au n°35 rue de la Rosière dans l’immeuble qui vient d’être construit. Ils y habitent avec leur fils Paul né aux Moutiers-sur-le-Lay, leur fille Edith nouveau-née et leurs deux domestiques Marie Hervé et Julie Allure (recensement du 6e canton de Nantes 1881).

L’incendie de leur immeuble au 10 rue Calvaire, le soir du 14 octobre 1883, est relaté par les journaux nantais (l’Union Bretonne, Progrès de Nantes et de la Loire-Inférieure, Le Phare de la Loire du 16 oct.).

La rue du Calvaire (et ses immeubles) détruite lors des bombardements de novembre 1943, a été reconstruite élargie.

La famille s’agrandit : Guy naît en 1885 et Yves en 1892. Guy décédera à 14 ans (19).

Paul, l’aîné, est étudiant en médecine lors de son mariage à Chantonnay, avec Mlle Robin le 5 février 1901. Il est diplômé en 1903.

En 1904, sa sœur Édith épouse un médecin, Albert Grosse, originaire de Port Saint-Père et demeurant à Paris. Il a 33 ans, elle 23. Il était chef de clinique d'accouchements à la faculté de médecine de Paris.
Il enseignera à la clinique obstétricale de l'école de médecine de Nantes.

Ils habitent au 35 de la rue Rozière à Nantes. Marie naît en 1905. Guy, leur premier fils, né en 1911, sera, lui aussi, médecin.

Pendant la Grande Guerre, Albert Grosse et les deux frères Bruzon seront incorporés (20).

En 1919, naît au Pouligen Suzanne Grosse le troisième enfant de Albert Grosse et Édith Bruzon en résidence momentanée à la villa Kerbihan.

En 1924, Octave Bruzon décède aux Moutiers sur le Lay âgé de 75 ans.
C’est son gendre Albert Grosse qui lui succédera au Logis de Trejet.

La suite nous est plus connue. La vie du docteur Guy Grosse, le fils d'Albert, est rapportée par le conseil de sages de La Chevrolière (21).



Domestiques au Logis de Tréjet

Les données des recensements de la commune de La Chevrolière permettent de lister les domestiques employés par les différents propriétaires du Logis de Trejet :

- 1836, Anne Dautrais, Françoise Gilardeau.
- 1841, Victoire Cholbet, Cécile L'Homelet, Louis Janeau.
- 1846, François Quillaud, Marie Marais (Lanjuinais).
- 1851, Jean Legeard jardinier, Pierre Tanguy domestique, Modeste Janeau.
- 1856, François Blineau.
- 1861, Julien Reffray et Claire Devin (Taupier).
- 1866, Julien Reffray et Claire Devin.
- 1872, Julien Reffray et Claire Devin.
- 1876, Julien Reffray et Claire Devin.
- 1881, Louis Mazureau et Jeanne Bouchard.
- 1886, Eugène Ouvard et Marie Gluard (Bruzon).
- 1891, Louis Melois et Constance Garnier.
- 1896, Louis Melois et Constance Garnier.
- 1901, Auguste Le Forestier et Alphonsine Lhomelet.
- 1906, Donatien Martin et Victoire Bernard.
- 1911, Donatien Martin et Victoire Bernard.
- 1911, Pierre Droneau et Victoire Bernard (Bruzon).
- 1926, Pierre Droneau et Marie Chaillou (Grosse).
- 1931, Pierre Droneau veuf de Marie Chaillou et Marie Perraud mariés à La Chevrolière (M. Grosse).

Le recensement de l’an 4 ne contient pas d’employés du Logis de Trejet.
Sont cités seulement le domestique de la Resangle (l’Arsangle), la cuisinière de la Freudière et le jardinier de l’Aubinière.

Nous ignorons aussi, si l'annonce de recrutement parue dans le supplément du journal le Breton du 20 mars 1827 concernait Logis de Trejet de Mme Vassal.

Superposition batiment cadastre 1844

Le logis de Trejet

De nos jours seuls l’étang et la "grande avenue" allant à l’Oignon subsistent, de manière bien visible, des travaux lancés par M. Vassal.

En 1968, le découpage des parcelles de terres de 1844 restait encore bien visible, quelques haies avaient commencé à disparaître les parcelles s'agrandissant.

Photo aérienne de 2016 du site www.vuduciel.loire-atlantique.fr et de 1968 du site www.ign.fr.



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La cataracte de Mme Coëslier

On l’a vu précédemment, Mathurin Coëslier avec sa femme Marie Doré étaient les fermiers de la métairie de Trejet.
En 1828, le couple tient cette métairie avec leurs deux aînés nouvellement mariés avec les Béranger : Jeanne avec Prosper Béranger, Jacques avec Virginie Béranger (22).

À 49 ans, Madame Coëslier perd progressivement la vue. La pupille de ses yeux prend une couleur blanchâtre.

Mme Vassal, sa patronne, organisera à son domicile, rue Félix, l’opération de la cataracte par un chirurgien émérite, le docteur Jean Baptiste Darbefeuille.
Et elle gardera la patiente à son domicile plusieurs jours, celle-ci devant demeurer immobile, la tête immobilisée afin de permettre la cicatrisation de l’incision laissée sans suture.

Ainsi le rapporte l’article parue le 18 juillet 1828 dans Le Breton, journal de Nantes.

AD44 en ligne - article du journal Le Breton du 18 juillet 1828

L’opération est un succès.

L’article ne le dit pas, le chirurgien a extrait le cristallin devenu opaque (23).
Parce qu’il n’est pas remplacé, la vue des objets proches devient toutefois floue.

Cette nouvelle technique opératoire, initiée par le chirurgien Jacques Daviel en 1750, a remplacé la méthode millénaire d’abaissement du cristallin opaque qui consistait à simplement décaler le cristallin dans le corps vitreux de l’œil à l’aide d’un instrument pointu.

La renommée de Jean Baptiste Darbefeuille a certainement justifié le choix de Mme Vassal (24).

Il est aussi possible que, dans son entourage, elle le connaissait.
En effet, Mme Vassal, née Minée, était fille d'un chirurgien, Julien Minée.
De plus, Michel Darbefeuille, frère de Jean Baptiste, avait été le vicaire épiscopal de son oncle (lui aussi prénommé Julien Minée), premier évêque constitutionnel de Nantes (25).

Suite à son opération, Mme Coeslier dut probablement porter des verres pour corriger sa forte hypermétropie.

Elle vécut 82 ans.













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Double mariage

Le 7 février 1701 le recteur de La Chevrolière, "le vénérable et discret messire" Bedouët, célèbre 5 mariages.

En soit cela n'a rien exceptionnel, les premiers mois de l’année, hivernaux, sont propices aux réjouissances.
Les travaux champêtres sont réduits au minimum. Et le carême, période de jeûne et d’abstinence, ne commencera que 6 semaines avant la première lune du printemps.
Le 7 février est certes un lundi, et non un mardi, jour le plus habituel pour les célébrations nuptiales.
Mais comme le mardi, positionné en début de semaine, il permet d'étaler la noce sur plusieurs jours avant le dimanche suivant.


Mariages célébrés à La Chevrolière (26)
Répartition des mois, exprimée en pourcentage, selon les années

Mariage répartition des mois selon les années


Répartition des jours de la semaine, exprimée en pourcentage, selon les années

Mariage répartition des jours de la semaine selon les années




Parmi les 5 du 7 février, ce double mariage est particulier à plus d’un titre :

AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1701 - page 4/11

Jean Pasquier et Françoise Billot se marient le même jour que leur enfant :

- Jean Beilvert, fils de Françoise Billot et de son précédent mari, Jean Beilvert,

- Louise Pasquier, fille de Jean Pasquier et de sa précédente épouse, Marguerite Beranger.

Transcription des mariages de Jean Pasquier et Françoise Billot et de Jean Beilvert et Louise Pasquier.



Il s’agit d’une famille recomposée, comme on dit aujourd’hui, ce qui n’était pas si rare à l’époque.

Presque un mariage sur deux, célébré à La Chevrolière avant 1790, est en seconde noce, ou en troisième, quatrième voir cinquième noce.

Toutefois, les énièmes noces sont suffisamment rares pour que le vicaire Dechaille marque son étonnement dans la marge du registre pour le mariage de Marguerite Béranger le 7 novembre 1752 :

AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1752


Tableau par le rang des noces, le nombre d'époux et d'épouse concerné.

nbre de époux et nbre d'épouses par leur nbre de noces

Exemple parmi les mariages célébrés à La Chevrolière avant 1790 :
- 353 hommes se sont mariés seulement 2 fois (seconde noce), soit 36,6 % de l'ensemble des hommes mariés,
- 330 femmes se sont mariées seulement 2 fois, soit 34,4 % de l'ensemble des femmes mariées.



Le mariage de leur enfant respectif le même jour est plus remarquable.
Seules, 18 familles sont dans ce cas à La Chevrolière (avant 1790).
Liste des mariages simultanés parent enfant.



Enfin la date du mariage est singulière.
Elle correspond à la date anniversaire de la jeune mariée, les 12 ans de Louise ; Jean Beilvert a, lui 14 ans révolus.

Ce sont les âges minimums pour pouvoir se marier dans le droit canon de l’église catholique sous l’ancien régime.
Après la révolution, le code civil (1er germinal an XII) portera l’âge nubile à 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes.

En fait, pour les personnes dont au moins un mariage a été célébré à La Chevrolière avant 1790, l’âge moyen des époux à leur 1er mariage est de 22,5 ans pour les hommes et 20,7 pour les femmes.

âge des mariés en première noce - extraction base lachevrolieregenea 30/11/2023

Il reste un dernier point concernant ce double mariage.
En conformité avec l'article 496 de la coutume de Bretagne, Jean Beilvert est décrété de mariage.

Coutumes de Bretagne, avec les commentaires et observations pour l'intelligence, le véritable sens & l'usage des articles obscurs par maître Michel Sauvageau. Tome 1 sur Gallica.bnf.fr

Pour obtenir le décret de mariage, les proches parents sollicitaient le sénéchal de leur juridiction, indiquant que le mineur, orphelin de père, était "recherché par mariage" par telle personne, qu’ils étaient d’avis que le mariage était "avantageux", et ils demandaient à la justice de l’autoriser par un décret à se marier.


Ainsi pour le jeune Jean Beilvert, le décret de mariage a été demandé par 4 de ses parents côté paternel et 4 côté maternel qui se sont présentés le 7 janvier 1701 à l’étude notariale de maître Geffray à Saint Philbert de Grand Lieu.

Sur place, ils ont "institué" un procureur, auquel ils ont donné " plain pouvoir et mandement spécial de comparoir pour eux, et leurs personnes devant monsieur le Séneschal de Nantes".
Et ils ont déclaré :
"Jean Beilvert ayant atteint l’aage de 14 ans du 7e octobre dernier ..."
"qu’il recherche pour mariage Louise Pasquier fille de Jan et de feue Margueritte Beranger ..."
"lequel mariage ils trouvent pour luy sortable et advantageux pourveu qu’il plaise à sa mère et parents le consentir, et à justice le décretter
".
Acte notarié de la demande de décret de mariage pour Jean Beilvert.



Les registres de La Chevrolière ne contiennent pas les décrets rédigés par les greffiers des différentes juridictions sollicitées.
A la rédaction des actes de mariage, le prêtre officiant prenait soin de préciser leur présence :

- Mariage de François Le Merle le 12 juillet 1678.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1678

... du decret de mariage dudi le merle obtenu par Mr lalloüé de nantes le deuxieme de Juillet au di an signé Couet qui m'est demeuré entre les mains ...

- Mariage de Claude Hervouet le 30 août 1678.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1678

... du decret de mariage du di claude hervouet fait par mr l'Alloué et lieutenant g[é]n[ér]al du duché de Rais en datte du vingt cinq aoust mil six cent soixante et dix huit signé boucher greffier ...

- Mariage de Claude Pairaud le 23 novembre 1717.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1717

... vu le decret de mariage dudit pairaud par la juridiction de villeneuve du quinziemme du present mois signé Bachelier greffier ...

- Mariage de Pierre Jounin et Marie Biton le 3 février 1728.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1728

... tous les deux de cet parroisse, pareillemant tous les deux decretté de mariage la juridiction de machecoul duché de Retz pairie de france les deux en datte du vingt huit janvier dit ans cÿ dessus devant Mrs pierre Rocquand, françois moreau, garaud greffier...

-Mariage de Mathurin Chupin le 2 février 1728.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1728

... le dit mathurin chupin decretté de mariage par la juridiction de Vileneuve en St Collombain en datte du seizieme janvier dit ans devant guillaume Simon pr. en l'absence du pr. d'office, prudent tardineau, texier commis greffier...

- Mariage Pierre Guilbaud le 7 février 1736.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1736

... pierre guilbaud fils mineur decreté de justice par la jur[idict]ion du Chaffaud en St philbert en datte du vingt septieme janver 1736 signé Padioleau commis greffier ...

- Mariage de Jacques Prou le 20 juillet 1745.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1745

... vu aussi l'extrait de la sentence du decret de mariage par la juridiction du duché de Rets en datte du trente juin 1745 signé texier ...

- Mariage de Joseph Roquet et Jeanne Delescrain le 9 juillet 1787.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1787

... tous les deux decrettés par la juridiction et chapelenie des huctiers en cette p[aroi]sse vu les decrets signé paquaud greffier ...

- Mariage de Jacques Grillard le 17 février 1789.
AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1789

... decreté par la juriction de cette paroisse vue l'expedition datée du vingt six janvier dernier signée pacaud greffier ...



Pour le mariage de Louis Prou et Perrine Blondeau le 4 juillet 1724, il semble que Pageaud, le vicaire, ait pris quelques libertés vis-à-vis son obligation de contrôle.

Louis Prou, ayant été baptisé le 21 avril 1699, n’a donc pas 25 ans révolus pour son mariage (à 2 mois près).

À défaut de décret de mariage fourni, le vicaire prétexte "on n'a pu trouver l'extrait d'âge dudit marié il a fait venir devant moi Monsieur Dupas son parrain, Jean Padiou, René Prou de la Haie, Honoré Prou de la Buchetiere qui m'ont déclaré qu'il passait 26 ans", l’exonérant ainsi de la fourniture d'un décret.

AD44 en ligne - BMS La Chevrolière 1724 - page 6/11

En fait, l’inventaire des registres fait par la municipalité le 3 juillet 1791 liste parmi les registres celui de 1689 à 1699.



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R.P.R.

Louis de la Grue Sr de la Freudière tuteur de Samuel de Goulaine

François de Goulaine Sr. de laudouinière


En décembre 1684, à laudouinière près de Vieillevigne, François de Goulaine, le seigneur du lieu, malgré les soins prodigués par les frères de la Porte se meurt (27).

carte cassini landouinière

Carte de Cassini, sont soulignés les domaines des seigneurs :
- Louis de La Grüe, Sgr de la Guerche, la Frudière (La Chevrolière),
- François de Goulaine, Sgr de Laudouinière (Vieillevigne),
- Claude de Gastinaire, Sgr de La Preuille (St Hilaire de Loulay),
- Pierre Perrin, Sgr de la Courbejolière (St Lumine de Clisson),
- Alexandre Coëdic, Sgr de Richebourg (Remouillé),
- Louis de La Barre, Sgr du Mortier Boisseau (St Lumine de Clisson).



Le 19 juin 1680 à Vieillevigne il avait épousé Anne Chitton, sa première femme, Marguerite d’Appelvoisin, étant décédée le 22 mai 1677.

AD44 en ligne - Vieillevigne - 1677

AD44 en ligne - Vieillevigne - 1680

Le 13 décembre, il dicte ses dernières volontés.

Veuf pour une seconde fois, il désigne des tuteurs pour ses enfants (28) :

- Marguerite (10 ans) et Charlotte Polixenne (8 ans), ses 2 filles de son premier mariage avec Marguerite d’Appelvoisin
- Samuel (4 ans) fils du second mariage avec Anne Chitton.

Il lègue :

- au Sr. de la Négrie son cheval alezan, des pistolets, une épée et un petit fusil,
- au Sr. Buor sa jument grise,
- au Sr. des Clouseaux sa montre,
- à André Cleriseau, Sr. de la Gifrere 100 livres,
- à sa sœur Polixenne, veuve de David Augart, Sgr des Gruselières, 1000 livres.

Il gratifie ses domestiques Pierre Airyaud (piqueur), Philbert Bachelier, Isaac Pasquier, François Hery (laquais), Simon Forget, Marie Ordronneau (gouvernante).





Institution de tuteur

Après le décès du seigneur de Laudouinière, Louis de la Grue(29) comme d’autres parents, est convoqué au Présidial de Nantes pour donner son avis sur le choix du tuteur pour les mineurs.

La dernière fois, c’était il y a un peu plus d’un an, au Présidial de Ploërmel, pour François et Catherine Hay, les enfants de Siméon Hay et de Catherine Doisseau, parents du côté de sa femme Renée Hay (30).

Des cousins très éloignés selon nos critères actuels :
L’arrière-grand-père de sa femme, Paul Hay marié à Françoise Champagné, était demi-frère de l’arrière-grand-père des enfants, Siméon Hay marié à Madeleine Boizeau.
Dit autrement, ils avaient le même arrière-arrière-grand-père.

Il s’était fait représenter par maître Alexandre Corbin qui, le 20 novembre 1683, avait rapporté son avis privilégiant le côté paternel conformément à la Coutume(31) :

(que) Messire Jan Hay, chevalier, seigneur marquis du Châtelet, proche parent audit estoc paternel desdits mineurs, soit nommé et institué leur tuteur, offrant le cauptionner suivant la coustume et que les successions desdits seigneur et dame de Coillan soient acceptées sous bénéfice d’inventaire.

Siméon Hay avait, dans son testament, désigné sa sœur Marthe comme tutrice.

Sur les 35 personnes appelées à donner leur avis, 9 demandèrent à être dispensées "excuse" de donner leur voix indiquant qu’ils étaient peu ou prou parents vu que d’autres parents plus proches étaient convoqués ou à convoquer.
Et plus d’une dizaine désignèrent la tutrice testamentaire.

Au final, le 21 février 1684, le Présidial instituera la tante comme tutrice :

Nous, suivant l’advis des parents tant présents que défaillants … conformément aux conclusions du procureur du roy et à la déclaration du feu sieur de Coillan portée dans son testament, avons institué Marthe Doisseau tutrice desdits enfants mineurs comme la mieux instruite de l’estat des affaires de la succession dont il s’agist et seulle capable de régir véritablement les forges qui en dépendent, pareillement ordonnons qu’elle rendra compte de sa gestion de deux ans en deux ans en cette ville devant le sieur de Cornullier ou en son absence le sieur de Tizé, les sieurs Barin, de la Montagne et Trécesson ...





Tuteur des enfants de François de Goulaine

Cette fois-ci, l’institution de tuteur pour les enfants de François de Goulaine, est particulière.

Certes, son assignation à donner son avis concerne des parents tout aussi éloignés.

La tante paternelle de la mère de Louis de la Grue, Françoise de Gastinaire, était l'épouse de Jean de Goulaine arrière-grand-père du défunt François de Goulaine.
(voir en fin d'article, le schéma des liens de parenté des personnes citées)

Louis de la Grue déclarera être " parent des mineurs dans un degré fort éloigné qu’il ne peut point coter ".
Et là aussi, le père décédé avait désigné un tuteur testamentaire.

François de Goulaine fait partie de la communauté des protestants regroupés à Vieillevigne autour de Pierre Chauvin, leur pasteur.

L’institution des tuteurs est délocalisée de la sénéchaussée de Vieillevigne à celle de Nantes.

Comme l’indique, le jeudi 1er février 1685 à l’ouverture de l’audience, le procureur du roi André Boussineau (32).

On prétendait procéder à la création d’un tuteur aux enfants mineurs de défunt Messire François de Goulaine par la juridiction de Vieillevigne et quoique lesdits mineurs ayant beaucoup de parents catholiques cependant comme le seigneur de la juridiction de Vieillevigne est de la Religion Prétendue Réformée et qu’à Vieillevigne il y a plusieurs huguenots qui menacent les juges et prétendaient les forcer de donner cette tutelle a un de la Religion Prétendue Réformée et que les catholiques n’avaient pas la liberté de leurs suffrages .
Il en avait fait la remontrance à la cour qui par arrêt ... l’a renvoyée ... devant les présidiaux de Nantes.
Lequel arrêt il a fait signifier ... aux parents avec assignation en l’audience du siège du matin de ce jour.
Il a été ordonné qu’ils donneront leurs avis pour l’institution d’un tuteur catholique aux mineurs , faute de quoi qu’il sera passé outre aux périls et fortunes des défauts de ceux qui en nommeront un de la Religion Prétendue Réformée.
Transcription - Ouverture de l'audience du Présidial de Nantes

Les audiences s’étalent sur plusieurs jours, les 1er, 3, 5 et 6 février.

Louis de la Grue est le seul à s’exprimer le dernier jour au siège du Présidial, place du Bouffay à Nantes.
Il doit savoir qu’il a été proposé comme tuteur dès la première séance par Pierre Perrin, le seigneur de la Courbejolière de Saint-Lumine de Clisson, et Claude Perrin, son frère, prêtre.

Lui déclare "être d’avis que Philippe Chiton Sr. de Fonbrune, grand-oncle de Samuel, soit institué tuteur des mineurs … faisant ledit Sr. de Fonbrune profession de la religion catholique apostolique et romaine".

Les prédécesseurs qui avaient déposé, mis à part ceux qui demandaient à être exemptés de donner leur avis, étaient vent debout contre cet arrêt imposant un tuteur de la religion catholique, rappelant que, conformément à la loi et la coutume de Bretagne, les tuteurs ne peuvent être que ceux désignés dans le testament du père et que l’article 38 de l’édit de Nantes permet ce choix (33).

Ainsi Messire René de Goullaine, seigneur des Mesliers, lui aussi, était d’avis "que les tuteurs testamentaires soient constitués" et "qu’il y a quantité de proches parents qui n’ont point été appelés" citant 10 messires parents, ajoutant "quoiqu’ils soient de plus proche degré les plus éloignés ont été appelés qui ne peuvent coter leur degré, c’est pourquoi il est nécessaire d’appeler les susnommés".
Certains proposèrent les tuteurs testamentaires et que l’éducation des enfants soit faite par un proche parent de la religion catholique tel que Messire Eléazar de Goulaine ou Messire Louis Mesnard, seigneur du Gazon.

Transcription - Avis des parents assignés à comparaître



Sitôt la déclaration de Louis de la Grue, Louis Charette seigneur de La Gacherie conseiller du roi sénéchal de la Cour et siège du Présidial de la ville de Nantes rendra son jugement :

Institue ledit sieur de la Guerche de la Grue tuteur de Samuel de Goulaine ... pour gérer les biens et leur successions,
Institue ledit sieur Claude de Gastinaire tuteur de Margueritte et Charlotte Pollixene de Goulaine ... pour gérer les biens et la succession de ladite dame Appelvoisin,
parce qu’ils élèveront et feront instruire lesdits mineurs selon leur qualité.
Ordonne qu’ils feront faire bon et fidèle inventaire de leurs meubles et bail afferme et leur héritages suivant la coutume.
Transcription - Jugement rendu le 6 février 1685



En fait, en février 1685, quelque soit le bien fondé en droit des récriminations des parents protestants, la messe était dite.

Le Sr. Chiton de La Davière fera appel de la sentence imposant un tuteur de la religion catholique.
Il sera débouté et condamné à une amende au Roi de 12 livres (arrêt rendu au parlement de Bretagne du 10 mai 1685 (34)).

Depuis plusieurs années, le Roi Louis XIV avait rendu des arrêts contraignants les protestants (35).

Déjà début 1681, dans le Poitou voisin, René de Mérillac, l’intendant de la province, avait lancé les premières dragonnades.

L’arrêt de la Cour de Bretagne exigeant un tuteur de la religion catholique n’était qu’une anticipation de la déclaration du Roi du 14 août 1685 relative à la tutelle des enfants de parents de la Religion Prétendue Réformée.

Recueil des édits, déclarations et arrêt du consei, rendus au sujet de la R.P.R. sur Gallica.bnf.fr

Le 18 octobre 1685, à Fontainebleau, Louis XIV révoquera totalement l'Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598.

Les protestants durent adjurer ou s’exiler ou se cacher.

Le Désert commença.




Prise en charge des enfants de François de Goulaine

Pour revenir à Louis de la Grue, dès le lendemain de son institution comme tuteur, il dépêche Robin, huissier, auprès de Claude de Gastinaire (36) afin d’effectuer avec lui l’inventaire de la maison de Laudouinière et "ramener à eux les mineurs afin de s’en charger et pourvoir de leur éducation".

Partis dès 7 heures du matin de Nantes, le 8 février 1685 en compagnie d’André Poutard(37) son procureur, et Michel Le Boucher commis du greffe, ils se rendent à "la maison de laudouiniere distante de cette ville de 6 lieues".

Sur place, sont présents Claude de Gastinaire "venu exprès pour se charger des damoizelles mineures", Pierre Gabory agent et homme d’affaires du défunt, Marie Ordronneau gouvernante des enfants avec les 3 enfants et les autres serviteurs de la maison de Laudouinière.

Louis de la Grue requiert Michel Le Boucher pour "apposer le scellé sur les meubles coffres et fermeture pour plus grande sûreté et barrer les sceaux qui se trouvent y avoir été posés par le greffier de Vieillevigne" (Jan Faucaud greffier).
Et demande à Jacques Lecoq "marchand en cette ville de Nantes" de rester après leur départ "afin d’avoir égard à tout ce qui est dans la maison".

Le soir venu, tout le monde part passer la nuit dans la maison de la Preuille, château des de Gastinaire située à Saint Hilaire de Loulay, emmenant les enfants sur 2 litières amenées exprès(38).

Le lendemain, ils se retirent à Nantes où "lesdits seigneurs de la Guerche et de la Preuille devaient conduire chacun en leur demeurance leur mineur affin de les eslever et à entretenir selon leur qualité".
Transcription - Pose des scellés et prise en charge des enfants

A la suite, Louis de la Grue fait faire "bon et fidel inventaire de leurs meubles et bail afferme et leur héritages suivant la coustume".

Pour effectuer l’inventaire, il demande la présence de Claude de Gastinaire, co-tuteur, et de parents proches : René de Goulaine, frère du défunt, et Jean Chiton, beau-père.

Il met en vente à la criée les meubles de la maison de Laudouinière le 27 février, la vente de 3 chevaux au marché du Bouffay les 6, 14 et 25 mars (pour chaque vente, il paie un bretteur).

Il règle les gages des serviteurs, les frais engagés pour les ventes (bannies, greffier, nourriture, garde), les frais engagés par (pour) le défunt (5 charretées de landes, 11 journées dues pour réparation de la maison, 1 gigot de mouton pendant sa maladie, 1 paire et 2 relevés de souliers du laquais Labry, les soins et médicaments, la chasse mortuaire, les dettes), les donations testamentaires, …

Il encaisse les cédules et obligations dues au défunt, les ventes des chevaux, des meubles, de l’argenterie, les fermes des métairies de Redeloulart, de la Porte, de la Perraudière, de l’Herpie, ….

La répartition des frais engagés et des revenus est faite au prorata des deux tuteurs : 1/3 pour Claude de la Grue, 2/3 pour Claude de Gastinaire.

De tout ceci, il présente, devant monsieur l’alloué lieutenant général de Nantes le 20 juillet 1685, le compte de la succession de François de Goullaine (39).
Ce compte de 47 pages liste les sommes, au prorata d'1/3, qu'il a encaissées en charge et celles qu'il a dépensées en décharge.

La décharge excède la charge de 365 livres 5 sols 5 deniers.

AD44 - B7102 - registre des tutelles - 1685

… de laquelle somme led. Sieur contable (comptable) demande que led. Sieur ayant conte (compte) soit condemné luy payer avec les interests et sans preiudice de surplus et autres droits et actions

Montant de la pension pour Samuel de Goulaine

Entre-temps, il a assigné au Présidial de Nantes une vingtaine de parents du mineur pour qu’ils puissent donner leur avis au sujet de son éducation, nourriture et entretien et qu’ils nomment des avocats domiciliés à Nantes pour le consulter concernant sa gestion (40).

AD44 - B7102 - registre des tutelles - 1685 - page 195

... les tous parents et alliez dud mineur
avec assignation en l’aud[ience] du siege pour donner advis au sujet
de son éducation noriture et entretien secondement pour eslire
domicille en tel lieu qu’ils verront et nommeront en cette ville
pour recevoir les significations qu’il sera requis leur estre faittes
à requête dudit sieur de la Guerche pendant le cours de sa gestion
de tuteur pour éviter aux grands frais qu’il conviendroit faire
sil failloit les signifier en leur maison et nommer des
advoctas et conseils pour consulter ledit sieur de la Guerche
aux affaires concernant sa gestion faulte de quoy que la
personne et biens dudit mineur demeuroirent à leurs perils et
fortunes...

Les premières audiences ont commencé le 28 février.

Le compte-rendu liste l’avis de 5 parents :
Eléazar de Goulaine, Claude de Gastinaire, Charles Gabriel du Trehant, René Sapinaud et René de Goulaine.

Ils indiquent que c’est que "mal à propos et sans raison qu’ils ont été assignés pour donner leur avis parce qu’ils n’ont point donné leur voix à ce que le sieur de la Guerche fusse institué tuteur n’empêchant pas qu’il se pourvoit vers ceux qui l’ont nommé et institué".
En dernier, le 3 mars, René de Goulaine rappelle qu’il y a appel au parlement de cette province de la prétendue institution de tuteur.

Ce n’est qu’après l’arrêt de la Cour de Bretagne du 10 mai 1685 que le 23 juin suivant, Claude Bidé, alloué lieutenant général de Nantes en l’absence de monsieur le sénéchal, rendra la sentence :

AD44 - B7102 - registre des tutelles - 1685 - pages 196 et 200

Avons par notre sentence et jugement attendu la qualité
et bien du mineur adjugé et adjugeons aud sieur de la Guerche
son tuteur pour l’education noriture et l’entretien dud mineur
la somme de 1000 livres par an jusqu’à ce qu’il ayt atteint
l’aage de 10 ans, 1500 livres par an jusqu’à
l’aage de 15 ans et 2000 livres par an jusqu’à
l’aage de vingt un an lesquelles somme il prendra sur
les revenüs parce qu’il lui fera apprendre les exercices
necessaire suivant sa qualité, qu’il luy donnera un precepteur
nori et entretenu et gagé un laquais et une gouvernante
aussi gagé sur lesd sommes lui adujées et ordonné que led
tuteur consultera pour les affaires concernant sa gestion
Mr Jean Fouchard sieur de la Grée et René Dachon sieur
du Houssay advocat et suivra l advis de leur conseil
le tout aux peril et fortune des parents, fait et arresté
à nantes led jour 23 juin 1685.
Claude Bidé


- 1 000 livres par an jusqu'à l'âge de 10 ans (41),
- 1 500 jusqu’à 15 ans,
- 2 000 jusqu'à 20 ans.

Les sommes sont sans commune mesure avec celles attribuées pour un roturier.

Pour exemple : le 23 septembre 1703, Renée Debec, sans ressources, sollicite le Présidial après le décès en mer de son mari Martin Gobin, matelot à bord du navire L’Aigle commandé par M. Le Jeune(42).

Il laisse 3 enfants : Jean 5 ans, Julien 4 ans et Étienne 15 mois.

La Cour institue Renée Debec tutrice de ses enfants et ordonne que les parents contribuent pour chacun leur part au payement de la somme de 70 livres pour la nourriture et l’entretien des mineurs.


Tutelle de Samuel de Goulaine

Le petit Samuel est élevé avec les enfants de Louis de la Grue et Jeanne-Françoise Hay, sa femme.

En 1685, Louis a 34 ans et elle 28.
Ils ont 4 enfants, Joseph l’aîné âgé de 7 ans, François-Alexis 4 ans, Marie 3 ans, François 1 an.

Le couple alterne leur résidence entre l'appartement situé dans la paroisse de St Laurent à Nantes et la maison noble de La Freudière à La Chevrolière (43).


Le 4 décembre 1685, les dragons des 2 compagnies du régiment de Halfeld arrivent à Nantes et sont logés chez les gens de la religion prétendue réformée suivant une liste établie par le maire et les échevins (44).

Archives de Nantes - cote BB54 - Délibérations de la Mairie de Nantes - vue 45

Les années passent.
Le 2 mai 1689 à Nantes en l’église St Vincent, Christophe de Coutance épouse Antoinette Marguerite de Goulaine, la sœur aînée de Samuel.

AD44 en ligne - registre BMS de St Vincent de Nantes - 1689

A noter le nouveau prénom Antoinette, accolé à Margueritte. Elle signe Margueritte de Goulaine

L’époux a 37 ans, elle 15 ans.
Claude de Gastinaire, son tuteur, est présent au mariage.
Il sera le parrain de Marguerite, leur premier enfant baptisé le 24 décembre 1691 à Saint Denis et décédé 19 jours plus tard.
Devenu veuf, Christophe de Coutance épousera Renée de Sesmaisons, 19 ans, le 22 février 1703 à St Vincent de Nantes.
Une nouvelle fois veuf, il se mariera avec Renée Marguerite Gouyon de Marcé, 30 ans, le 19 janvier 1712 dans la chapelle de Notre-Dame de Toutes Joies.


Début 1691 à 10 ans, Samuel est envoyé au pensionnat du collège Henri IV de La Flèche (45).
Il y étudiera jusqu'au 5 mars 1695.

Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b6902589z, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30886846

Vue du Collège des Jésuites (collège Henri IV) de La Flèche (Boudan, 1695)

En 1696, à 15 ans, il est à Paris pour poursuivre son éducation.

En fin 1696, début 1697, 6 parents(46) du jeune Samuel interpellent le Présidial de Nantes afin qu’il lui soit payé 3000 livres pour tenir son rang à Paris :

(Samuel) est placé dans la maison du Roy en qualité de l’un de ses mousquetaires et fait actuellement ses exercices d’académie et autres convenables à sa qualité et que pour s’y soutenir et s’entretenir honnestement il a besoin de sommes considérables …
ils sont d’avis qu’il soit payé audit seigneur de Goullaine, soit par son tuteur, ou par par ses fermiers qui jouissent de ces biens la somme de 3000 livres, une fois payée, pour une année seullement.

L’annotation du greffier au dos de la demande du seigneur de la Pacquelais nous indique où il réside à Paris.

AD44 - B7113 - Registre des tutelles - 1697 - page 129

dem[eure] à l’académie des S[ieu]rs de Longpré et Bernardy
rüe Taren.

Cette école est située près de l’abbaye de Saint Germain entre les rues de Taran et de L’Égout.

extrait du plan de Paris 1713 Jallot sur wikipedia.org

Réservée aux fils de nobles(47), on y apprend l’équitation, bien sûr, l’escrime (André Wernesson y professe) et tout ce qui convient à leur rang.



Le 20 novembre 1697, Samuel obtient la lettre de dispense d’âge (48) de la chancellerie pour jouir et disposer de ses biens et meubles et avoir administration de sesd biens jmmeubles par du jour suivant et conformement à la coutume de cet province de Bretagne nonobstant qu’il n’ayt atteint l’âage de 20 ans ...

lettre de dispense d'age - 1697

Par la suite, des parents de Samuel (49) nommeront des procureurs pour qu’ils les représentent auprès des juges du Présidial de Nantes, afin d’obtenir son émancipation, étant d’avis que :

... le seigneur de Goullayne soit emancipé de justice pour avoir l’administration de ces biens et la jouissance de ces immeubles conformement aux lettres de dispence d’aage qu’il a obtenu en la chancelerye de cette province de Bretaigne et à la coutume …
12 décembre 1697, Louis de la Barre seigneur du Mortier Boisseau y demeurant paroisse de Saint Lumine prez Clisson.



Le 4 août 1698, dans la chapelle du château de Goulaine, Louis Samuel de Goulaine épouse Jeanne Geneviève de Rosmadec, fille de feu haut et puissant seigneur messire Sébastien de Rosmadec vivant chevalier seigneur marquis du Plessix et de haute et puissante dame Anne de Goulaine Marquise dudit lieu.
Transcription - Mariage Samuel de Goulaine et Geneviève de Rosmadec



Elle a 25 ans, lui est indiqué mineur de 20 ans. Il n'est âgé que de 17 ans, mais il a une dispense d'âge (et un décret de mariage).
Comme pour sa sœur aînée, il a un nouveau prénom, Louis dont il ne fera guère usage.
A la signature de son mariage le "louis" est rajouté.

AD44 en ligne- BMS Goulaine - 1698

Les jours précédents, les parents de Samuel, dont Louis de la Grue(50), avaient donné leur avis favorable à la recherche en mariage de Samuel de Goulaine avec Jeanne Geneviève de Rosmadec, trouvant la recherche avantageuse, consentant au mariage et qu’il soit décrété de justice, pour être solennisé en face de l’église catholique, parce que, préalablement, il sera passé contrat aux plus avantageuses conditions que faire se pourra.

Il rentre ainsi au sein d’une puissante et influente famille.



Fin de la tutelle

Le 3 septembre 1698, il est émancipé. Le curateur choisi est Jean Morice (51), sieur du Lérain, avocat et sénéchal du marquisat de Goulaine.

Louis de la Grue fournit un compte final de charges et décharges à cette occasion.

Le 18 décembre 1698, une première sentence du Présidial de Nantes le condamne à verser 1 000 livres.

Ce qu’il s’empresse d’effectuer dès le 23 (52), tout en faisant des réserves :

lequel (Louis de la Grue) sans aprobation de la sentence rendue contre luy au siege Présidial ...,
et avec prostestation de se pouvoir tant contre la sentence par les voyes de droit, et contre toutes autres sentences précedement rendues en ce qu'elles lui sont préjudiciables, que contre tout ce que fait a esté à son préjudice,
a pour éviter à contraint et sans préjudicier à tous ses droits, payer comptant et reellement au veu de nous en especes de louis d’argent et monnois ayant cours audit seigneur de Goulaine ...


Louis de la Grue cherche à justifier ses décharges.

Le 2 août 1700(53), il envoie Maître Jacques Robin à Fontenay le Comte et à Poitiers pour récupérer les dossiers des procès et les justificatifs des frais occasionnés qui ont été faits pour lui en sa qualité de tuteur de Samuel de Goulaine :

Jacques Robin auquel led. seigneur constituant (Louis de la Grue) donne plein et entier pouvoir de pour lui et en son nom se transporter en la ville de Fontenay le compte,
pour retirer de Mre Renaud son procureur au siege royal dud. lieu tous les actes pieces et procédures concernant les procès que led. Renaud a suivi
pour led. seigneur constituant en qualité de tuteur de Messire Samuel de Goulayne chevalier seigneur de Laudouinniere,
aud. siege royal de Fontenay le compte contre plusieurs particuliers,
du reçû desdits actes pièces et procedures en donner les descharges necessaires ...

Après plusieurs audiences au siège présidial et à la sénéchaussée, où chaque partie, Louis de la Grue le comptable, Samuel de Goulaine l’oyant compte, a plaidé contradictoirement, la sentence est rendue le 18 septembre 1700 (54).
Il est condamné à payer 27 104 livres :

La charge revient sauf erreur à la somme de 70 333 livres 19 sols 2 deniers, et calcul fait du surplus de la décharge dudit compte elle s’est trouvée monter et revenir à la somme de 43 229 livres 13 sols 5 denier de laquelle déduction faite sur la charge il reste la somme de 27 104 livres 5 sols 8 deniers, le tout sauf erreur de calcul.
Laquelle somme nous avons condamné ledit comptable de payer audit oyant compte.

Le 7 mars 1701(55), il exige de Maître François Cormerais, son procureur auprès du siège Présidial de Nantes, de lui délivrer les actes de procédures qui composent la liasse du compte.

Ayant fait appel de la sentence :

Il ne peut defendre et fournir ses moyens et griefs qu’il ne soit prealablement ressaisy de tous les susdits actes, pieces et procedures par luy demandés, lesquels ledit Sr Cormerais affecte de retenir à son grand préjudice.
Ledit sieur Cormerais ofre et somme d’abondant (en outre, de plus) ledit seigneur de la guerche de recevoir presentement tous les actes pieces et procedures concernant lesdits compte, soutenements et additions suivant et conformement à jcelles, et aux productions et inductions même suivant et au désir des articles contenus ausdites compte, soutenements et additions, et que le nombre en soit referé en la présente,

Louis de la Grue refuse cette proposition et persiste dans sa demande et menace :

de se pourvoir .... par les voyes de droit ainsi qu’il verra.


Quant à Samuel de Goulaine, le 21 mars 1701, il a 20 ans.
Le 2 décembre 1701, il choisit un nouveau curateur (56), Isaac Basteau de la Forêt sur Sèvre, en indiquant :

Jan Morice, sénéchal du Marquisat étant entierement occupé tant à ses affaires particulières qu’à celles de Madame la marquise de Goulaine ce qui l’empeche de le secourir dans ses affaires qui d’ailleurs sont dans des lieux très éloignés.

Ce n’est que le 1er décembre 1703(57), qu’un compromis entre Louis de la Grue et Samuel de Goulaine est signé sous la bienveillance de Toussaint de Cornulier, le président à mortier du parlement de Bretagne, en son château de Vair (Anetz), "pour y obvier nourir paix et amitié entre elles".

Le seigneur de la Guerche est redevable de 19 500 livres.
Il règle le jour même 1 500 livres en bonne monnaie ayant cours.
Il s’engage à verser 9 000 livres lorsque Samuel de Goulaine aura l’âge de majorité et les 9 000 livres restantes un an après avec des intérêts d’un denier pour 18 (soit un taux de 1/18 ~ 5.6%).



En 1713, Claude de la Grue n’a toujours pas versé à Samuel de Goulaine la totalité des sommes d’argent pour lesquelles il s’était engagé : 14 000 livres de principal n’ont pas été versées.

Le 6 novembre 1713(58), il convient avec le Sr du Pontreau, François Richard, d’une constitution de 14 000 livres.
Contre la remise de cette somme "en pièces de louïs d’argent" par le sieur du Pontreau, Louis de la Grue s’engage à lui verser une rente annuelle de 777 livres 15 sols 6 deniers.

Le 11 novembre (59) il remet au comte de Mesneuf, le beau-frère de Samuel, la somme de 14 870 livres 19 sols 5 deniers, soldant définitivement les comptes, intérêts compris.

Le 28 juillet 1729 (60), il remboursera complètement Me François Richard.



Pendant cette période, Samuel de Goulaine et Jeanne Geneviève de Rosmadec ont eu leurs premiers enfants, Jean Hyacinthe Alphonse (6 juin 1699), Anne Yolande Genviève (22 octobre 1700), Joseph (24 mars 1705).
Ils décéderont jeunes.
Seule Marie Yolande Armande(61), ondoyée le 24 février 1702 à Notre-Dame à Nantes, lui survivra.

Après le décès de sa femme, Jeanne Geneviève de Rosmadec (on ne sait ni quand, ni où), Samuel se remarie à Poitiers le 2 novembre 1722 avec Marguerite François Jacques de Chiré (fille de Nicolas Jacques et de Françoise Thérèse Guion) :

AD Vienne - Poitiers St Michel - 2 novembre 1722 - vue 96/146

Le second jour de novembre 1722 après la publication de 2 bans dans l'église de Vieillevigne diocèse de Nantes et de 2 faites dans cette église, une aussy dispense de 2 publications accordée par Mr Gautron de l'abaie grand vicaire de monseigneur l'Evesque de Nantes et celle d'une publication accoerdée par monseigneur l'Evesque de Poitiers n'étant venue à ma connaissance aucune opposition je curé soussigné donné la bénédiction nuptiale à Messire de Goulainne chevalier seigneur de Laudonniere et autres lieux et à demoiselle margueritte Françoise Jacques selon les regles prescrites et ce en présence des soussignés


Et en 1723, à Vieillevigne, sa fille Marie Yolande Armande, épousera le 19 juillet Julien François de Bruc et lui, le 12 août, baptisera Charles, son premier enfant avec sa seconde épouse, suivront Françoise (27 novembre 1726), Yolande (20 décembre 1728).

Samuel de Goulaine décédera à l'âge de 55 ans. Le 26 février 1736, il sera "inhumé en l'église de Vieillevigne".

Quant à Louis de la Grue, 4 ans plus tard à La Chevrolière :

Le 1er mars 1740 a été inhumé dans le choeur de cette église écuyer Louis de la Grue chevalier seigneur de la Guerche du château de la Frudière de la maison noble de la Noe et de Passay seigneur fondateur de l'église paroissiale de l église de la Chevrolière mort au château de la Freudière agé de 89 ans.



Liens de parenté entre les personnes citées dans l'article et en annexe.

liens de parenté des personnes citées

Épilogue

On peut s’interroger sur le choix du Présidial à désigner Louis de la Grue comme tuteur.

Certes, il est catholique. Mais quelques années auparavant il avait pris des libertés avec ses obligations.

Il avait perçu les revenus de la Chapelle de la Freudière et celle des Ombres sans les pourvoir d’un chapelain pour servir les messes.

C’est ce qui est écrit dans un billet (62) "Déclaration des fondations de l’église et des chapelles de la paroisse de La Chevrolière non pourvues ny deservie".
Il y est ajouté qu’il "prend mesme les offrandes de ladite chapelle (des Ombres) où vont beaucoup de voyageurs".

La déclaration contient cette supplique "Demande le Sr Recteur de La Chevroliere que les 2 messes de la chapellenie de St Antoine soient acquittées par lui".

Vu la chronologie, il semblerait que le nouveau recteur de La Chevrolière, Dupas, ayant pris son ministère le 1er novembre 1676, soit à l’origine de la récrimination.



Elle a porté ses fruits puisque, le 6 juin 1682, Louis de la Grue, faisant pour l’abbé Barrin, chapelain de la chapellenie de la Noë, affermera celle-ci au recteur Dupas (63).

Et l’on trouve, dans les registres de La Chevrolière, des mentions relatives à des chapelains attachés à la Freudière :

- 1er juin 1689, inhumation dans l’église de Messire Pierre Sergent, Prêtre aumônier de M. de la Guerche, demeurant dans la maison de La Freudière.

- 6 mai 1691, inhumation dans l’église d’un enfant de Messire de la Grue, sieur de la Guerche et de dame Hay sa femme, en présence de messire Yves L'Einloüet, prêtre chapelain de la maison de La Freudière.

Leur présence pour desservir les chapellenies est peut-être aussi à rattacher à l’éducation dans la religion catholique du jeune Samuel (64).



Quels étaient les critères de Louis de Charette, le sénéchal de Nantes, pris en compte pour son choix de Louis de la Grue comme tuteur du mineur Samuel, héritier principal de François de Goulaine ?

Est-ce le souci d’avoir un tuteur restant dépendant des coutumes de Bretagne (donc n’habitant pas le Poitou), à la fois proche de Nantes, mais éloigné des proches parents des environs de Vieilleville, le tout influencé par un jeu de pouvoir entre cercles familiaux ?



Et Louis de la Grue, qu’a-t-il retiré de cette tutelle ?

Une perte ou un gain financier ?
On ne sait pas. Il a été condamné à payer 27 104 livres. Mais, en l’absence des comptes de tutelle difficile de savoir si globalement les revenus qu’il a perçus avec la gestion de la tutelle compensent ou non ses dépenses.

Une reconnaissance par ses pairs ?
Oui vraisemblablement, mais aussi des inimitiés du côté de la famille des mineurs ayant abjurée pour rester dans le royaume.


Par ailleurs, Louis de la Grue fera l’objet d’une surveillance, comme indiqué dans le mémoire de l’intendant de Bretagne, M. de Nointel (65).

Ce mémoire a été adressé, le 20 janvier 1700, au marquis de Torcy, Jean Baptiste Colbert, le ministre des affaires étrangères du Roi.
Le nom de Louis de la Grue apparaît dans un tableau joint listant les biens délaissés par ceux de la R. P. R. qui se sont retirés de la province de Bretagne dans les pays étrangers, les noms des nouveaux convertis qui possèdent des biens et la manière dont ils se conduisent :
- Louis de la Grüe, sieur de La Guerche, tuteur de Samuel de Goulaine, possède une maison abandonnée par Charles de Goulaine (66).
- Le sieur de La Grüe est un ancien catholique.



Jusqu'au début du 16e siècle, les règles de la coutume de Bretagne pour l'attribution des tutelles entraînaient des dérives.

Pour être tuteur, il fallait avoir une caution suffisante pour assurer la charge financière liée à l’éducation du mineur.
Les parents nominateurs (c.-à-d. ceux qui, convoqués, avaient donné leur voix et leur caution) étaient responsables de la gestion du tuteur.
Si bien que les plus proches parents et les plus solvables cherchaient à en être exemptés.
Le tuteur désigné, lui, avait tout intérêt à demander l’émancipation du mineur le plus tôt possible pour être libéré de la charge, ou si c’était une fille mineure à la marier.
De plus, les nominateurs ou le mineur devenu majeur pouvaient contester les décisions ce qui entraînaient des procédures judiciaires à n'en pas finir.

Aussi, en 1733, Louis XV assainira les règles.

Son édit, enregistré le 9 Mars(67), normalisera la procédure de nomination du tuteur :
- 12 parents, les 6 plus proches du côté paternel et les 6 plus proches du côté maternel avec pour ordre en premier les ascendants, frères, oncles du mineur, puis les collatéraux en préférant toujours ceux de la branche aînée à ceux des branches cadettes.
- Tuteur nommé par le juge à la pluralité des voix, en cas d’égalité choix du juge sur le plus capable. Exemptions de tutelle prévues par certaines charges dérogées.
- Encadrement des délais d’appel.
- …



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Chassepot

Enfouie à quelques dizaines de centimètres du sol, dans un terrain derrière le Bourg de La Chevrolière, les lames du rotovateur l’ont brisée en deux.
Un passage à la forge l’a réparée.

sabre-baïonnette chassepot
sabre-baïonnette chassepot

Vestige de la charge furieuse de Brutus Hugo(68) en juillet 1794 ?

Non, trop jeune.

Il s’agit d’une baïonnette du fusil d'infanterie modèle 1866, dit Chassepot, baïonnette-sabre pour être plus précis.

On devine sur le dos de la lame la calligraphie du E de Saint-Étienne, en grande partie effacée par la corrosion et la réparation, ainsi que le mois de fabrication Février, par contre l’année est, elle, totalement effacée.

dos de lame du sabre-baïonnette chassepot
dos de lame sabre-baïonnette chassepot

Le P du matricule sur la garde P64..53 confirme sa fabrication par la manufacture de Saint-Étienne(69).

sabre-baïonnette chassepot

La réparation lui a fait perdre un peu de la courbure de sa lame caractéristique "yatagan".

Depuis sa découverte au début des années 1970, elle a maintes fois servi à sabrer joyeusement le champagne et autres boissons pétillantes, quitte à fragiliser sa réparation.

Comme son nom l’indique, le fusil Chassepot 1866 a équipé le soldat français depuis 1866 pendant une dizaine d’années.
Il a été remplacé par le fusil Gras en 1874.

A noter que la baïonnette modèle 1866 du Chassepot restera toujours montable sur le Gras (une baïonnette spécifique sera fabriquée en 1874).
Elle sera conservée sur les mousquetons d'artillerie Gras seulement.

Notons aussi (70), que le sabre-baïonnette Chassepot restera en service jusqu’après la guerre de 14-18, porté par les fonctionnaires des forces de l'ordre (gendarmerie, police municipale, gardes champêtres).
Enfin, le fusil modèle 1874 avec sa baïonnette a été l’équipement des soldats affectés aux postes de Garde de Voies de Communication (GVC) en 1914.

Soldat GVC avec fusil et baïonnette

Soldat de 1914 GVC - www.gvc1418.fr
Soldat de 1914 GVC - https://i39.servimg.com/u/f39/14/16/35/83/gc10610.jpg

Difficile de savoir pourquoi cette baïonnette s’est retrouvée enterrée.
Cachée ?
Une dissimulation à l’autorité ?
Celle de l’occupant  en 1940 ?

On écarte l’idée qu’un conscrit chevrolin des années 1870 l’ait ramenée à l’insu de l’armée.
Est-ce plus plausible que ce soit un rappelé de 14/18 affecté aux GVC ?

Les archives départementales de Loire-Atlanique ont mis en ligne les listes départementales du contingent à partir de la classe 1867.

Mathurin Ploteau conscrit classe 1867 - AD44

La fiche de Mathurin Ploteau donne son état-civil et sa description (né le 17 juin 1847, cheveux et yeux châtains, 1,67 m, profession maçon, sait lire et écrire, …).
Il a effectué son service militaire dans l’infanterie au 6e bataillon 1er compagnie.
Il a fait la campagne de 170/71 dans l’armée de l’Eure.
Et lors des périodes d’exercice d’un mois effectuées en septembre 1875 et mai 1876, son équipement comportait notamment le porte-baïonnette avec son fourreau.

Liste des conscrits chevrolins décédés pendant le conflit de 1870/71 :

- Léon Perraud, conscrit de la classe 1866 (né le 19 avril 1846), est décédé suite à une dysenterie le 19 octobre 1870 à Metz. Soldat du 81e régiment d’infanterie, il était entré à l’hôpital temporaire de Sauly le 7 octobre. C’était le remplaçant de Jean Baptiste Coeslier (classe 1868) né le 25 mai 1848.

- Les deux Henri Eugène Visonneau, nés respectivement le 9 février et le 1er mars 1847 à La Chevrolière sont cousins. Leurs parents ont fait un double mariage le 15 septembre 1838. Pour l’un, Pierre Visonneau a épousé Anne Giraudineau, pour l’autre, Julien, frère de Pierre, a épousé Jeanne, sœur d’Anne. Conscrits de la classe 1868 dans la garde mobile, affectés dans l’armée de La Loire, ils sont décédés tous les deux dans un hôpital, l’un à celui de Bayeux le 19 janvier 1871 et l’autre à celui de Lisieux le 19 janvier 1871 (suite à une fièvre typhoïde).

- Jean Guilet né le 25 juin 1847. Sa fiche de conscrit de garde mobile indique décédé sous les drapeaux … avis au maire du 7 mai 1882.
2 fiches militaires le concerne : n° 2281 garde mobile 1R779 page  146/344 et n°1230 1R778 page 160/272 n°1230.

- Armand Barillère, né le 2 septembre 1847. Garde mobile, il a effectué la campagne de 1870/71 dans l’armée de La Loire. Il est décédé à l’hôpital de Bayeux le 19 janvier 1871.

- Julien Lemerle, né le 4 août 1848. Lui aussi, garde mobile, décède à l’hôpital de Caen le 11 avril 1871.

- Alfred Macé, né le 5 septembre 1848. Affecté dans l’armée active au 81e régiment d’infanterie, il décède le 1er septembre 1870 à la bataille de Noisseville (près de Metz).

- Pierre Barillère, né le 4 mai 1848. Garde mobile, parti comme appelé à l'activité pour le 22e régiment d'infanterie le 10 août 1870, il décède en février 1871 à l'ambulance de St Antoine à Paris.

- Prosper Béranger, né le 27 août 1849. Garde mobile à la 1er compagnie du 6e bataillon de La Loire-Inférieure, il décède à l’hospice de Brionne  (Eure) le 17 janvier 1871.

- Olive Visonneau, né le 16 octobre 1849. Appelé à l'activité le 10 août 1870 au 82e régiment d’infanterie, il décède à à l’hôpital de  Val de Grâce à Paris le 14 février 1871.

- Louis Coeslier, né le 18 décembre 1849. Garde mobile affecté à l’armée de l’Eure, il décède le 18 janvier 1871 à l’hôpital de Caen boulevard Le Roy.

- Jean Tréhiaud, né le 21 juin 1850. Appelé le 13 octobre 1870 pour le 5e bataillon des chasseurs à pieds, il décède en Suisse dans les premiers jours de février 1871 pendant l’internement de l’armée de l’Est.

Liste des rappelés chevrolins à l’activité lors de la guerre de 1914 affectés au GVC de la classe 1889 (46 ans en 1915).

- Pierre Béranger, né le 1er avril 1869, parti au GVC de Rouen le 6 mai 1915, détaché et renvoyé dans ses foyers le 27 février 1917 comme agriculteur.
Il avait fait 3 années de service militaire de 1890 à 1893.

- Joseph Clouet, né le 24 décembre 1869, détaché aux établissements St Gobain de Chantenay le 15 avril 1915, parti le 6 mai 1918 au GVC de Rouen, détaché comme cultivateur à La Chevrolière le 14 mars 1917.
Il avait fait, lui-aussi, 3 années de service militaire en 1890-93.

- Jean Barillère, né le 14 avril 1869, rappelé à l'activité le 15 avril 1915, parti au GVC Rouen le 6 mai 1915, entré au dépôt le 1er mars 1917.
Soutien de famille en 1889, il avait fait une année de service militaire au 149e de ligne du 11 novembre 1890 au 23 septembre 1891.

- François Freuchet, né le 29 janvier 1869, parti au GVC à Rouen du 6 mai 1915 au 16 mars 1917.
Ajourné en 1890, soutien de famille, il avait fait une année de service militaire du 10 novembre 1891 au 24 septembre 1892.

- Jean Baptiste Freuchet, né le 30 décembre 1869, parti au GVC de Rouen le 7 mai 1915, détaché comme agriculteur à La Chevrolière le 27 février 1917.
Il a fait fait 3 années de service militaire en 1890-93.

- Eugène Brochet, né le 30 juillet 1869 à St Philbert de Grand-Lieu. Ses parents sont domiciliés depuis 1874 à La Chevrolière.
Il y est recensé en 1891 (21 ans) mais pas dans celui de 1896. En 1915, il vit au Canada (177 rue des inspecteurs à Montréal).
De retour en France, il est rappelé en activité le 28 janvier 1916, il part au GVC à Rouen le 31 mai 1916 jusqu’au 19 novembre 1917.
En 1889, il avait été exempté de service militaire et versé au service auxiliaire (pour cause de varices).



Remplacement militaire

Léon Perraud, le conscrit de la classe 1866, avait remplacé Jean-Baptiste Coeslier, de deux ans son cadet.
(voir la liste des conscrits chevrolins décédés pendant le conflit de 1870/71 dans l'article précédent)

Le remplacement militaire sera autorisé jusqu’en 1872.
Il pouvait être réalisé de gré à gré (il fallait alors trouver soi-même le remplaçant) ou par le biais de sociétés qui s’en chargeaient.

Elles publiaient leurs annonces dans les journaux de l’époque  :

AD44 en ligne - Presse - le Phare de la Loire du 30 décembre 1868
AD44 en ligne - Presse- L'Union Bretonne du 14 janvier 1869

L’exonération avait été mise en place seulement de 1855 à 1867.
Moyennant une taxe versée directement à la Caisse de dotation des armées, les autorités rengageaient d’anciens soldats expérimentés à la place des jeunes conscrits. Cette mesure avait l’inconvénient de vieillir l’armée.

En 1864, pour un conscrit, il en coûtait 2 300 francs.

Gallica.bnf en ligne - Presse- la gazette nationale ou le moniteur universel du 28 mars 1865

Des sociétés d’assurances proposaient de cotiser afin de disposer de la somme le cas où.

AD44 en ligne - Presse- le Phare de la Loire du 26 décembre 1863

Par exemple, Prosper Hervouet, conscrit de la classe 1867 (né le 23 juillet 1847 à La Chevrolière), est noté "exonéré" sur sa fiche du registre des conscrits de la classe 1867 de la Loire-Inférieure.

AD44 en ligne - Conscrit militaire - Prosper Hervouet

Libéré du service actif, il pourra épouser le 2 août 1869 à Pont Saint-Martin Marie Augustine Corbineau, la fille du boulanger chez lequel il était employé.



Pour la classe 1867 du canton de Saint Philbert de Grand-Lieu, sur les 31 ayant tiré un "mauvais numéro", 3 auront un remplaçant et 3 autres seront exonérés.
Ces derniers auront payé une taxe de 2 500 francs chacun.

Gallica.bnf en ligne - Presse- la gazette nationale ou le moniteur universel du 28 février 1868

En l'année 1868, fut mis en place la Garde nationale mobile instituée par la loi Niel.
Son rôle était "de concourir comme auxiliaire de l'armée active, à la défense des places fortes, des côtes et frontières".

Les obligations étaient peu contraignantes (affectation dans le département, une dizaine d’exercices d’une journée dans l’année).
Elle était constituée des conscrits ayant tiré un "bon numéro", de certains exemptés et de ceux qui s'étaient fait remplacer.
Sur le canton de Saint Philbert, 39 conscrits de la classe 1867 furent affectés.

Cette situation, avant le conflit 1870 est toute différente en fin d’année 1813.
Napoléon et sa Grande Armée ont été battus en octobre 1813 à Leipzig "la bataille des Nations".
En novembre 1813 Napoléon a ordonné une levée supplémentaire de 300 000 hommes.
Dans la foulée, il a décrété la levée de la conscription de 1815. La garde nationale a été mobilisée.
En 1814, il est demandé à la commune de La Chevrolière de fournir 2 gardes nationaux.

Un groupe de Chevrolins(71) décide de mutualiser le risque d’être incorporé en engageant un remplaçant.
Le 11 mars 1814, à l’étude impériale de Maître Louis-Charles Bousseau de Nantes, ils passent un contrat d’engagement militaire auprès de Louis Berlivet, charpentier de marine au Pellerin(72).

Celui-ci s’engage "à remplacer l’un des 2 gardes nationaux demandés pour la commune de La Chevrolière en son service de la garde nationale active pendant tout le temps qu’il y serait tenu ainsi qu’à le remplacer dans tous autres services qui pourront être requis pour cause de la garde nationale active pour le camp d’Orléans(73) et autres lieux, le cas y échéant".

L’engagement est "contracté moyennant 350 livres, écus de 6 livres (74), équivalant à 338 francs 40 centimes", dont "48 francs 40 centimes ont été payés à la vue des notaires audit Berlivet" par les Chevrolins.
"Le surplus sera payé par ceux-ci en l’Étude de M. Bousseau aux mains de Geneviève Moreau, par 23 francs 40 centimes à la révolution de chaque mois, à partir du jour où le suppléant justifiera par un certificat en due forme sa présence en son admission au corps".

En ce début d’année 1814, l’étude de Maître Bousseau enregistrera 10 autres contrats de remplacement pour le camp d’Orléans de la garde nationale active(75).
Le montant de leur contrat de remplacement de garde national varie de 350 F à 580 F.

Il est sans commune mesure avec celui d’un conscrit :

- Gilles Michaud, cultivateur au village de La Brosse, commune de La Marne, passera le 19 mars 1814 en l’étude de Me Bousseau, un contrat de 2 706,20 F (2 800 livres) pour le remplacement de son fils, Jean Michaud, conscrit de 1815.

- Pierre Lemerle, laboureur du village de Passay, engagera comme remplaçant Henri Masson, menuisier à Nantes, pour 3 500 livres (étude de M. Morin d’Yvonière, 26 mars 1813).

- Jean-Baptiste Pépin de Belisle, propriétaire au 10 rue Félix à Nantes et de La Freudière à la Chevrolière, payera 4 938,27 F (5 000 livres) Jacques Audouin de Saint-Colomban pour le remplacement de son fils Aignant, conscrit de 1810 (76).



Le 31 mars 1814, les troupes coalisées entrent dans Paris.
Le 4 avril, les conscrits et les hommes des bataillons levés en masse sont libérés.

Napoléon abdique le 6 avril.
Le 4 mai, il débarque à l’île d’Elbe le jour même où Louis XVIII rentre à Paris.

Le 30 juillet à l'étude de M. Louis-Charles Bousseau, Louis Berlivet délivre une quittance dans laquelle il déclare que les Chevrolins lui ont versé (hors la vue des notaires) le reste des sommes qui lui étaient dues pour son contrat d'engagement.




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